Chroniques de décembre 2007

[Marc Poteaux]

2.532 BLU Black metal atonal
BLUT AUS NORD : Odinist
A l'image de sa musique, Vindsval, l'homme derrière Blut Aus Nord, joue avec le silence pour mieux laisser éclater son talent la seconde suivante. Discretètement, sans tapage médiatique, presque clandestinement, c'est ainsi qu'est sorti ce "Odinist", 5e album de notre homme. Explorant depuis quelques années la voie du black metal atonal, Blut Aus Nord aurait pû bien vite se trouver limité par son concept et s'autoparodier. C'est d'ailleurs ce que d'aucuns pourront reprocher à cet album, qui reprend les choses là où "The Work Which Transforms God" les avait laissé, faisant fi d'un "Thematic Emanation Of Archetypal Multiplicity" récréatif qui donnait très franchement dans le black ambiant mais manquait un peu d'âme. Pourtant ici, les morceaux sont plus tortueux, mais moins cathartiques et malsains que sur le susnommé disque. Les riffs développés sont un peu plus classiques et tournés vers l'efficacité aussi, même si le tout est encore loin des compils de tubes 2007. Un travail a également été effectué sur les voix, moins désincarnées que par le passé. Hélas, si évolution il y a, tout ceci concourt à donner un aspect quelque peu monotone et répétitif aux compositions du français, et à ôter un peu de son côté unique à la musique de Blut Aus Nord. Peut mieux faire. (Marc Poteaux)
Candlelight (dis. Season Of Mist) CANDLE179CD

[Marc Poteaux]

2.63 DIR Punk rock
DIRTY FONZY ! Here We Go Again
Ils sont cinq, nous viennent de pas très loin (Albi), et jouent un punk rock percutant et frais car pas du tout monomaniaque. Bon, je n'irai pas jusqu'à avancer des influences world music ou electro, le tout restant somme toute assez classique, mais il est certain que les titres de ce deuxième album n'engendrent ni mélancolie ni ennui, bien au contraire. Leur musique ressemble à une rencontre entre NOFX et Chocking Victim, soit un punk très rock n' roll et entraînant, n'hésitant pas à sortir les cuivres ou montrer ses influences reggae / ska, tout en restant diablement simple et écorché. Et le résultat, c'est que pas un seul titre ne ressemble à l'autre, et que le seul mot qui vienne aux lèvres après s'être enfilé les quatorze titres de "Here We Go Again", c'est...Waw ! Les jeunes gens sont parvenus à intégrer, métisser, magnifier leurs influences, et nous sortent tout simplement ici l'un des meilleurs disques punk-rock de ces dernières années ! (Marc Poteaux)
Enragé production (dis. Discograph) ENR045
Sortie le 28 janvier 2008 !

[Marc Poteaux]

2.521 GHO Doom death
GHOST BRIGADE : Guided By Fire
Le metal extrême scandinave n'est pas vraiment un genre en voie de disparition, de nouveaux groupes apparaîssent tous les jours, et on a de plus en plus de mal à dénicher le groupe valable parmi les dizaines de formations de seconde zone. Les Finlandais de Ghost Brigade, eux, se sont formés en 2005 avec la ferme intention de sortir du lot. Et voici que, deux ans après, ils nous arrivent, un contrat avec Season Of Mist sous un bras, un album tout neuf sous l'autre. Mais qu'ont-ils de plus que les autres ? A priori rien ; le groupe donne dans le doom metal, qu'il développe à coup de riffs massifs, phrases de claviers mélancoliques et duo de voix claire et death...On pourrait croire que tout a déjà été fait dans le genre, mais là où la formation est plus maligne que les autres, c'est qu'elle s'emploie à mélanger les écoles. On trouvera ici du gothic doom à la Katatonia, là du funeral doom, là encore du doom athmosphérique...Le groupe maîtrise à la perfection chaque élément, chaque détail, l'efficacité ne l'emporte jamais sur l'émotion, les voix sont splendides...Derrière "Guided By Fire", il y a du talent certes, mais il y a vraisembablement du métier aussi, et une grande culture du genre. Cette galette est en tout cas une incontestable réussite, et ses auteurs vont vite faire parler d'eux ! (Marc Poteaux)
Season Of Mist (dis. Season Of Mist) SOM155

[Marc Poteaux]

2.23 PUG Pop rock
PUGGY : Dubois Died Today
Groupe européen par excellence, le trio Puggy nous arrive de partout (un anglais, un français, un suédois, qui vivent en Belgique !) avec dans ses bagages un rock pop frais et remuant, mélange bizarre entre un Starsailor et un Maroon Five. Dès l'entame du premier morceau "Dubois", on est conquis par cette musique principalement acoustique, simple, rythmée et touchante, cette voix qui sent l'angleterre à plein nez, ces mélodies imparables. Et à de rares exceptions près ("Sorry", "Don't Wake Me Up"), le plaisir ne nous quitte jamais, et fait de ce premier album l'un des meilleurs disques pop sortis ces derniers mois. Incubus, qui les a choisis comme première partie de leur tournée européenne, ne s'y est pas trompé. Vous êtes prévenus : jettez-vous sur ce disque, vous ne le regretterez pas ! (Marc Poteaux)
TalkieO (dis. Lowlands) 71100340

[Marc Poteaux]

2.64 STR Hardcore metal
STRIKE BACK : Where I Stand
Strike Back est, on peut le deviner rien qu'en regardant la pochette de ce deuxième album, un groupe de hardcore. On pourrait même pousser l'analyse, et justement supposer qu'il a de grosses influences old school. Et on aurait raison. Les onze titres de "Where I Stand" sentent la testostérone et le mosh-pit, et tapent dans le classique, influencé metal, mais efficace positive hardcore made in New York. Le bon côté, c'est qu'ils le font assez bien, chaque titre gardant une identité assez marquée pour ne pas être confondu avec un autre. Le mauvais bien sûr, c'est qu'ils ne sont pas les seuls dans ce cas de figure...Mais heureusement pour eux, ils sont tout de même assez rares ceux qui peuvent tenir le rythme sur un album entier. Or ici la faiblesse n'est qu'un concept et pas une réalité palpable, ce deuxième album tenant ses promesses jusqu'au bout sans mal, et pouvant largement être considéré comme une réussite. (Marc Poteaux)
STS Network 06823285

[Marc Poteaux]

2.23 THR Pop rock
THE THRILLS : Teenager
Les Thrills ont sû me toucher avec leurs deux premiers albums, et leur pop folk ensoleillée qui a tendance à mettre la pêche à qui veut bien l'écouter. Et tout ce que j'espérais de ce nouvel album, c'est juste qu'ils parviennent à redire la messe, sans forcément changer quoi que ce soit à leurs pop-songs simples et insouciantes. Apparemment, le groupe l'entendait bien de cette oreille, et nous replonge avec "Teenager" dans le même univers que ses premières oeuvres. Oui, rien n'a bougé, les chansons ici ressemblent à la fois aux précédentes et certainement aux prochaines, mais comment oser s'en plaindre au vu de leur qualité ? The Thrills, c'est un groupe qui s'écoute facilement, seul ou accompagné, et qui donne un plaisir immédiat, sans arrière-pensée ou introspection. Le charme de ses compositions, leur courte durée, la voix un peu traînante et éraillée de Conor Daisy, les thèmes développés, tout pousse au délassement. Et on ne peut même pas reprocher au groupe sa fainéantise, car composer des titres aussi efficaces, c'est un art que peu maîtrisent ! Sans faute, tout simplement. (Marc Poteaux)
Virgin (dis. Emi) 63953062

[Marc Poteaux]

2.6 PLA Pop punk rock
PLAIN WHITE T'S : Every Seconds Counts
Depuis quelques semaines, une ballade pop intimiste me squatte le cerveau. Et d'autant plus que je ne sais pas mettre un nom derrière la voix masculine qui s'adresse à une certaine Delilah. Je l'avoue, je n'ai pas vraiment cherché à aller à la pêche aux infos sur le sujet. Mais il y a quelques heures, quand j'ai appris par hasard le nom du groupe, je me suis dit que ça valait le coup de jetter une oreille à l'album dont ce single, "Hey There Delilah", est tiré. Première constatation, le disque a mis du temps pour faire son chemin entre l'Illinois et la France, puisqu'il est sorti en 2006. Deuxième constatation, le genre pratiqué sur icelui est beaucoup plus pêchu. Car c'est bien de pop punk qu'il s'agit sur ce quatrième album des jeunes gens. Une pop punk qui sait varier les tempos et assumer ses influences, quitte à prendre parfois les couleurs de tubes eighties ("Friends Don't Let Friends Dial Drunk" et quelques autres). Mais ce qui aurait pu constituer une fausse note est la valeur ajoutée du disque ; oui, Plain White T's sonne un peu variété, mais c'est tellement bien fait qu'on s'y laisse prendre. Et dans ses conditions, la douce chanson entendue à la radio est juste la cerise sur un délicieux gâteau. (Marc Poteaux)
Hollywood (dis. Fearless) 95061622