MUSIQUE ENREGISTREE (Classe 1 - Musiques d'inf. afro-améric)
Modérateur : Lopez Noël
1.1 TEX 43
Texas Down Home Blues.
Voici une compilation de 36 titres en deux CD qui offre un panorama du blues au Texas après la seconde guerre mondiale. Un blues incroyablement dépouillé : notes parcimonieuses, guitare électrifiée, piano robuste, chant laconique, etc... Le livret de 32 pages est très explicite. Pour amateurs avertis. (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés (dis. Night & Day) ND 228
Texas Down Home Blues.
Voici une compilation de 36 titres en deux CD qui offre un panorama du blues au Texas après la seconde guerre mondiale. Un blues incroyablement dépouillé : notes parcimonieuses, guitare électrifiée, piano robuste, chant laconique, etc... Le livret de 32 pages est très explicite. Pour amateurs avertis. (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés (dis. Night & Day) ND 228
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1.3 RAF 75
RAFFALI, Rodolphe : Gypsy Swing Guitar.
Pour cet album Rodolphe Raffali s'est adjoint la complicité musicale de Philippe "Doudou" Cuillerier, Christian Escoudé, Florin Nicolescu, Antonio Licusati et Max Robin. Tous bien "introduits" dans le monde du jazz manouche. Voici donc un album superbe : quatorze titres magistralement interprétés. On retrouve avec joie du Django Reinhardt, mais aussi du Charles Aznavour (J'me voyais déjà), du Serge Gainsbourg (Les Oubliettes), du Nino Rota (Amarcord), du Billie Holiday, du Charles Trénet, du Maurive Vidalin, etc... Vivifiant ! (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés / La Lichère / SCPP (dis. Night & Day) LLL315
RAFFALI, Rodolphe : Gypsy Swing Guitar.
Pour cet album Rodolphe Raffali s'est adjoint la complicité musicale de Philippe "Doudou" Cuillerier, Christian Escoudé, Florin Nicolescu, Antonio Licusati et Max Robin. Tous bien "introduits" dans le monde du jazz manouche. Voici donc un album superbe : quatorze titres magistralement interprétés. On retrouve avec joie du Django Reinhardt, mais aussi du Charles Aznavour (J'me voyais déjà), du Serge Gainsbourg (Les Oubliettes), du Nino Rota (Amarcord), du Billie Holiday, du Charles Trénet, du Maurive Vidalin, etc... Vivifiant ! (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés / La Lichère / SCPP (dis. Night & Day) LLL315
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1.3 BAS 3
BASIE, Count : The Quintessence. Volume 2 (1942-1952)
Voici le volume deux consacré à Count Basie dans la magnifique collection The Quitessence. Un très beau travail de réédition. Indispensable. (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés (dis. Night & Day) FA241
BASIE, Count : The Quintessence. Volume 2 (1942-1952)
Voici le volume deux consacré à Count Basie dans la magnifique collection The Quitessence. Un très beau travail de réédition. Indispensable. (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés (dis. Night & Day) FA241
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1.3 ZAN 3
ZANINI, Marcel : Rive gauche 1976 - 1985.
Un sympathique coffret de trois CD. Sur le premier, le meilleur des enregistrements black'n'blue entre 76 et 85 : Zanini avec Milt Buckner, Sam Woodyard. Sur le second, le meilleur des enregistrements black'n'blue de 1985 : Zanini en compagnie de Sam Woodyard. Et sur le troisième, une série d'entretiens entre Marcel Zanini et Jean Buzelin datant de mai 2003. Bref, si vous connaissez la musique de Marcel Zanini, vous serez séduits par ce coffret éclectique. Si vous ne connaissez pas, ce coffret saura vous faire découvrir à la fois la musique et l'artiste. (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés (dis. Night & Day) FA5082
ZANINI, Marcel : Rive gauche 1976 - 1985.
Un sympathique coffret de trois CD. Sur le premier, le meilleur des enregistrements black'n'blue entre 76 et 85 : Zanini avec Milt Buckner, Sam Woodyard. Sur le second, le meilleur des enregistrements black'n'blue de 1985 : Zanini en compagnie de Sam Woodyard. Et sur le troisième, une série d'entretiens entre Marcel Zanini et Jean Buzelin datant de mai 2003. Bref, si vous connaissez la musique de Marcel Zanini, vous serez séduits par ce coffret éclectique. Si vous ne connaissez pas, ce coffret saura vous faire découvrir à la fois la musique et l'artiste. (Lucas Falchero)
Frémeaux et Associés (dis. Night & Day) FA5082
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Manuel Rocheman : Alone At Last
1.3 ROC Piano solo
MANUEL ROCHEMAN : Alone At Last
Alone at last ! N’allez pas croire que Manuel Rocheman ait jusqu’à ce jour retenu sa respiration en attendant la délivrance du jeu en solo… Débuter dans le milieu sous la tutelle de Michel Sardaby et de Martial Solal, jouer sous l’aile de Gil Evans, poursuivre tantôt avec Anthony Ortega, tantôt avec Sylvain Beuf… Soutenir la tête d’affiche avec des monstres sacrés tels George Mraz, Al Foster ou Riccardo Del Fra… Bref, peu de chances qu’un tel environnement puisse avoir suscité lassitude ou insatisfaction chez le jeune pianiste. C’est, semble-t-il, en écoutant les grands du piano solo que Manuel Rocheman a eu le désir de se lancer dans cette entreprise : Peterson (dès l’âge de dix ans), Newborn, Solal, Tatum puis Evans, Jarrett et Petrucciani… Un paysage musical qui sert ici d’intertexte polyglotte, développé par le génie et le goût du risque de ce pianiste d’exception (dont Martial Solal dira en toute simplicité qu’il est « magnifique »). Rocheman revisite les standards œcuméniques (« Strangers In The Night », « Over The Rainbow »), traverse les époques, de Strayhorn (« Take The A Train ») à Evans (« Song For Helen ») et Jarrett (« So Tender »), nous étourdit avec une interprétation vertigineuse du fameux « Jitterbug Waltz » de Fats Waller, nous abasourdit avec quelques follies latines (« Beatriz », « La Puerta », « Sozinho »), ainsi qu’avec un boggie-woogie capiteux signé de sa propre main (« Chromatic Boogie », parmi d’autres compositions originales). Une recherche constante et ludique, un dialogue somptueusement dangereux et renversant avec les traditions et les grands noms du jazz. Une mine d’or, incontournable. En concert à Paris en mars prochain. Cf. : www.rdc-records.com.
RDC Records (dis. XIIIbis / Night and Day) 640133-2. Contact : 68, avenue Ledru-Rollin – 75012 Paris. 01 43 44 92 12. [email protected].
MANUEL ROCHEMAN : Alone At Last
Alone at last ! N’allez pas croire que Manuel Rocheman ait jusqu’à ce jour retenu sa respiration en attendant la délivrance du jeu en solo… Débuter dans le milieu sous la tutelle de Michel Sardaby et de Martial Solal, jouer sous l’aile de Gil Evans, poursuivre tantôt avec Anthony Ortega, tantôt avec Sylvain Beuf… Soutenir la tête d’affiche avec des monstres sacrés tels George Mraz, Al Foster ou Riccardo Del Fra… Bref, peu de chances qu’un tel environnement puisse avoir suscité lassitude ou insatisfaction chez le jeune pianiste. C’est, semble-t-il, en écoutant les grands du piano solo que Manuel Rocheman a eu le désir de se lancer dans cette entreprise : Peterson (dès l’âge de dix ans), Newborn, Solal, Tatum puis Evans, Jarrett et Petrucciani… Un paysage musical qui sert ici d’intertexte polyglotte, développé par le génie et le goût du risque de ce pianiste d’exception (dont Martial Solal dira en toute simplicité qu’il est « magnifique »). Rocheman revisite les standards œcuméniques (« Strangers In The Night », « Over The Rainbow »), traverse les époques, de Strayhorn (« Take The A Train ») à Evans (« Song For Helen ») et Jarrett (« So Tender »), nous étourdit avec une interprétation vertigineuse du fameux « Jitterbug Waltz » de Fats Waller, nous abasourdit avec quelques follies latines (« Beatriz », « La Puerta », « Sozinho »), ainsi qu’avec un boggie-woogie capiteux signé de sa propre main (« Chromatic Boogie », parmi d’autres compositions originales). Une recherche constante et ludique, un dialogue somptueusement dangereux et renversant avec les traditions et les grands noms du jazz. Une mine d’or, incontournable. En concert à Paris en mars prochain. Cf. : www.rdc-records.com.
RDC Records (dis. XIIIbis / Night and Day) 640133-2. Contact : 68, avenue Ledru-Rollin – 75012 Paris. 01 43 44 92 12. [email protected].
Dernière modification par archive le lun. 29 déc. 03 17:50, modifié 1 fois.
Omar Sosa : Ayaguna
1. SOS 374 Jazz Afro-Cubain Universel
OMAR SOSA & GUSTAVO OVALLES : Ayaguna, Live Duo Concert
Omar Sosa ne saurait se contenter du regard ingénu et passéiste sur les origines. Il prend le risque de cette perte par contagion musicale pour produire quelque chose de neuf. On l’a vu avec ses albums précédents, au cours desquels les rythmes du jazz afro-cubain se frottaient au rap, au chant yoruba ou gnawa, aux instruments des quatre coins de l’Amérique latine, voire au-delà (Turquie)… Avec Ayaguna, c’est à un retour à l’intime qu’Omar Sosa nous convie, loin des mélanges illimités, du délire de la surabondance de matériaux, de textures et de profondeurs. Il renoue ici avec une simplicité et une pureté, qui reste néanmoins paradoxalement hybride : parce que la fusion de son style ne réside pas simplement en la superposition de rythmes, d’influences et d’instruments du monde entier, mais dans l’essence dialogique et syncrétique de son jeu. Et qu’ensuite il est ici secondé par un percussionniste de génie, Gustavo Ovalles, dont on pourrait croire à l’écoute que c’est de toute son âme qu’il crée rythme et ponctuation, que chaque partie de son corps est préhensile, tant la gamme d’instruments (et d’effets) est impressionnante : percussions bata, congas, bongo, culo’e puya, quitiplas, guiro et autres splendides aberrations latino-américaines de peau, de bois et de métal. Et que ce percussionniste afro-vénézuélien est en accord éthique et esthétique avec Omar Sosa – conscience et célébration des origines, humanisme et universalisme qui se traduisent en syncrétismes musicaux. Le résultat est surprenant : l’atmosphère dansante s’efface derrière la texture libertaire du rythme, le dialogue ininterrompu entre les deux musiciens maintenant néanmoins le flux et le reflux de la pulsation, le pianiste tendant toujours l’oreille, ne faisant jamais de l’ombre à son camarade, et vice-versa. La joie qui irradie sans efforts et en même temps une lumière parfois plus voilée et sérieuse, l’enracinement culturel et la tension vers l’universel, le respect des origines et l’expérimentation iconoclaste… tout ce qui fait le charme d’Omar Sosa, et quelque chose en plus. Extatique.
Otà Records / Night and Day (dis. Night and Day) MSCD 011
OMAR SOSA & GUSTAVO OVALLES : Ayaguna, Live Duo Concert
Omar Sosa ne saurait se contenter du regard ingénu et passéiste sur les origines. Il prend le risque de cette perte par contagion musicale pour produire quelque chose de neuf. On l’a vu avec ses albums précédents, au cours desquels les rythmes du jazz afro-cubain se frottaient au rap, au chant yoruba ou gnawa, aux instruments des quatre coins de l’Amérique latine, voire au-delà (Turquie)… Avec Ayaguna, c’est à un retour à l’intime qu’Omar Sosa nous convie, loin des mélanges illimités, du délire de la surabondance de matériaux, de textures et de profondeurs. Il renoue ici avec une simplicité et une pureté, qui reste néanmoins paradoxalement hybride : parce que la fusion de son style ne réside pas simplement en la superposition de rythmes, d’influences et d’instruments du monde entier, mais dans l’essence dialogique et syncrétique de son jeu. Et qu’ensuite il est ici secondé par un percussionniste de génie, Gustavo Ovalles, dont on pourrait croire à l’écoute que c’est de toute son âme qu’il crée rythme et ponctuation, que chaque partie de son corps est préhensile, tant la gamme d’instruments (et d’effets) est impressionnante : percussions bata, congas, bongo, culo’e puya, quitiplas, guiro et autres splendides aberrations latino-américaines de peau, de bois et de métal. Et que ce percussionniste afro-vénézuélien est en accord éthique et esthétique avec Omar Sosa – conscience et célébration des origines, humanisme et universalisme qui se traduisent en syncrétismes musicaux. Le résultat est surprenant : l’atmosphère dansante s’efface derrière la texture libertaire du rythme, le dialogue ininterrompu entre les deux musiciens maintenant néanmoins le flux et le reflux de la pulsation, le pianiste tendant toujours l’oreille, ne faisant jamais de l’ombre à son camarade, et vice-versa. La joie qui irradie sans efforts et en même temps une lumière parfois plus voilée et sérieuse, l’enracinement culturel et la tension vers l’universel, le respect des origines et l’expérimentation iconoclaste… tout ce qui fait le charme d’Omar Sosa, et quelque chose en plus. Extatique.
Otà Records / Night and Day (dis. Night and Day) MSCD 011
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1.5 TRI Rap
TRICE, Obie : Cheers
Wow. La dernière claque rap us avant ça, c’était…50 Cent. Obie Trice, deuxième signature du label d’Eminem, Shady, est destiné à prendre le même chemin ; celui d’une gloire rapide et méritée. Dès le premier titre, on est scotché : beat à la Dre, instru vraiment de grande qualité, flow solide et maîtrisé…La présence des cadors de la scène (Eminem of course, mais aussi Dre, Nate Dogg, 50 Cent, D 12, Timbaland et Busta Rhymes), loin d’être anecdotique, renforce l’impression d’avoir entre les mains un futur classique. Alors bien sûr, le disque porte l’emprunte de son producteur exécutif et mentor Eminem, et celui-ci laisse juste assez d’espace à son poulain pour s’ébrouer et s’affirmer. Obie Trice n’est certes pas une découverte aussi déconcertante qu’Eminem en son temps ou même son collègue de label 50 Cent, mais « Cheers » est un premier album très convaincant et caracole déjà dans les charts. Le deuxième album s’éloignera certainement un peu plus du « style Shady » et promet d’être plus personnel. C’est tout ce qu’on peut souhaiter à un artiste en devenir dont le potentiel est déjà impressionnant. (Marc Poteaux)
Shady (dis.Interscope) 498607558
TRICE, Obie : Cheers
Wow. La dernière claque rap us avant ça, c’était…50 Cent. Obie Trice, deuxième signature du label d’Eminem, Shady, est destiné à prendre le même chemin ; celui d’une gloire rapide et méritée. Dès le premier titre, on est scotché : beat à la Dre, instru vraiment de grande qualité, flow solide et maîtrisé…La présence des cadors de la scène (Eminem of course, mais aussi Dre, Nate Dogg, 50 Cent, D 12, Timbaland et Busta Rhymes), loin d’être anecdotique, renforce l’impression d’avoir entre les mains un futur classique. Alors bien sûr, le disque porte l’emprunte de son producteur exécutif et mentor Eminem, et celui-ci laisse juste assez d’espace à son poulain pour s’ébrouer et s’affirmer. Obie Trice n’est certes pas une découverte aussi déconcertante qu’Eminem en son temps ou même son collègue de label 50 Cent, mais « Cheers » est un premier album très convaincant et caracole déjà dans les charts. Le deuxième album s’éloignera certainement un peu plus du « style Shady » et promet d’être plus personnel. C’est tout ce qu’on peut souhaiter à un artiste en devenir dont le potentiel est déjà impressionnant. (Marc Poteaux)
Shady (dis.Interscope) 498607558
1.5 RAS Garage hip-hop
RASCAL, Dizzee : Boy In Da Corner
Nouvelle coqueluche anglaise, Dizzee Rascal propose un hip-hop d’énervé sur fond de UK Garage minimaliste à souhait. C’est qu’il est tombé dedans jeune, le Dizzee, et qu’il a traîné avec des cadors de la scène (So Solid Crew, Roll Deep Crew dont on retrouve un membre en invité…). A grand renfort de samples, le jeune MC s’invente un monde fun et coloré à la Busta Rhymes / Ol’ Dirty Bastard, et rappelle souvent ce dernier de par son phrasé psychotique. Le disque n’est d’ailleurs pas dépourvu de titres immédiats ; « Jus’ A Rascal », « Sittin’ Here », « Hold Ya Mouf ». Mais si la formule fonctionne sur une partie de l’album, l’espace musical n’est pas assez rempli pour atteindre les coins de nos oreilles hexagonales non coutumières de ce dépouillement mélodique. Rien à dire par contre sur le flow, ludique, vif et tranchant. Un vrai talent à confirmer, à réserver pour l’instant aux amateurs de curiosités musicales avec un penchant pour le hip-hop dans ce qu’il a de plus expérimental plus qu’aux fans de rap pur. (Marc Poteaux)
Xl Recordings (dis.Xl) XLCD170
RASCAL, Dizzee : Boy In Da Corner
Nouvelle coqueluche anglaise, Dizzee Rascal propose un hip-hop d’énervé sur fond de UK Garage minimaliste à souhait. C’est qu’il est tombé dedans jeune, le Dizzee, et qu’il a traîné avec des cadors de la scène (So Solid Crew, Roll Deep Crew dont on retrouve un membre en invité…). A grand renfort de samples, le jeune MC s’invente un monde fun et coloré à la Busta Rhymes / Ol’ Dirty Bastard, et rappelle souvent ce dernier de par son phrasé psychotique. Le disque n’est d’ailleurs pas dépourvu de titres immédiats ; « Jus’ A Rascal », « Sittin’ Here », « Hold Ya Mouf ». Mais si la formule fonctionne sur une partie de l’album, l’espace musical n’est pas assez rempli pour atteindre les coins de nos oreilles hexagonales non coutumières de ce dépouillement mélodique. Rien à dire par contre sur le flow, ludique, vif et tranchant. Un vrai talent à confirmer, à réserver pour l’instant aux amateurs de curiosités musicales avec un penchant pour le hip-hop dans ce qu’il a de plus expérimental plus qu’aux fans de rap pur. (Marc Poteaux)
Xl Recordings (dis.Xl) XLCD170
1.56 NON Hip hop indé
NON PROPHETS : Hope
Fans de hip hop indépendant US, restez connectés. Loin des Puff, Eminem ou Snoop, le barbu Sage Francis rencontre Joe Beats pour ce premier essai largement transformé de leur entité Non Prophets. Groovy et sombre, l'art du duo se rapproche parfois de De La Soul ou de séances de slam sauvages, mais garde toujours une aura particulière. Le flow est cool, à la De La Soul encore une fois, agressif sans l'être vraiment, et n'a rien à envier à ses contemporains. Un album formidable, qui n'invente rien mais donne une véritable leçon de rap tant chaque détail est à sa place sans que le tout sonne commercial ou cheap. Non, juste un album destiné à devenir un classique du genre, concocté à l'ancienne. Comme on aimerait que cela soit le quotidien des fans de hip hop et que ce ne soit qu'une perle parmi tant d'autres...(Marc Poteaux)
Lex (dis. Lex) Lex018
NON PROPHETS : Hope
Fans de hip hop indépendant US, restez connectés. Loin des Puff, Eminem ou Snoop, le barbu Sage Francis rencontre Joe Beats pour ce premier essai largement transformé de leur entité Non Prophets. Groovy et sombre, l'art du duo se rapproche parfois de De La Soul ou de séances de slam sauvages, mais garde toujours une aura particulière. Le flow est cool, à la De La Soul encore une fois, agressif sans l'être vraiment, et n'a rien à envier à ses contemporains. Un album formidable, qui n'invente rien mais donne une véritable leçon de rap tant chaque détail est à sa place sans que le tout sonne commercial ou cheap. Non, juste un album destiné à devenir un classique du genre, concocté à l'ancienne. Comme on aimerait que cela soit le quotidien des fans de hip hop et que ce ne soit qu'une perle parmi tant d'autres...(Marc Poteaux)
Lex (dis. Lex) Lex018
Louis Sclavis : Napoli's Walls
1.SCL 362 Musique Improvisée d’une Europe Imaginaire
SCLAVIS (LOUIS) : Napoli’s Walls
On entre dans l’univers de Louis Sclavis comme on arpenterait, vaguement et sciemment, le dédale des rues d’une ville de songe. Le lyonnais du Workshop, de l’Arfi et des multiples rencontres avec Bernard Lubat a toujours cultivé une tension vers l’utopie, ainsi que vers les lieux de traditions et de cultures, invoquées par l’alchimie des clarinettes et des saxophones. Mais en choisissant Naples, il a voulu cette fois-ci éviter l’emprunt folklorique, l’évocation réaliste, pour parler d’elle « comme d’une ville de fiction ». Parce que le folklore napolitain ne se réduit pas aux simples rémanences d’une culture archaïque, mais s’ouvre bien au-delà du simple exotisme, vers l’espace du sacré, de l’étrange et du profane. S’inspirant du travail de l’artiste Ernest Pignon-Ernest effectué à Naples (on se souvient des collaborations de Sclavis avec Guy Le Querrec), qui vient illustrer le livret du disque comme une curieuse promenade à travers la « Regina della Mediterranea » Sclavis nous livre un nouvel album déroutant de pérégrinations contemporaines et improvisées, qui suivent le chemin sinueux qui mènerait de la flânerie au rêve. Accompagné de Vincent Courtois au violoncelle et derrière les commandes électroniques, collaborateur régulier depuis quelques années, de l’excentrique Médéric Collignon à la trompette de poche, derrière les percussions et au chant, et de Hasse Poulsen à la guitare. À l’écoute de Napoli’s Walls, on sent l’étrangeté dont Pignon-Ernest a voulu réinvestir la ville, mais seulement à condition d’avoir les clichés de l’œuvre du grafiste sous les yeux. Ce n’est pas Naples qui vibre à travers cet album, dont on perçoit certes la volonté de créer un autre ordre de réalité, mais l’ancrage méridional, bien peu. Les passages où l’on sent la gaieté, la vitalité et l’humour de Naples (le titre éponyme, par exemple, dont l’hystérie absurde rappelle la tarentelle, ou « Kennedy in Napoli », au ton burlesque de carnaval, et la « Divinazione moderna » plus folklorique et comique), sont bien rares. Le lien ne peut alors pour l’auditeur qu’être contraint ou aléatoire, ce qui semble réduire dans une certaine mesure la portée du projet de Napoli’s Walls. Peut-être une écoute et une vision simultanée dans le cadre d’une représentation serait plus apte à retranscrire cette visée. En-deça du projet total, on retrouve bien les sonorités lisses de Sclavis et de Courtois, sans pour autant négliger l’esthétique du cri hérité du free, le penchant pour l’intégration d’éléments électroniques (rythmes, effets divers) qui peut parfois porter sur les nerfs. Surtout, la joyeuse ivresse de Médéric Collignon, l’intrigante folie de Hasse Poulsen viennent contrebalancer la plus grande rigueur et la précision de Stéphane Courtois. Et évidemment, les clarinettes et les saxophones de Sclavis conservent toute leur force étrangement prophétique : on se laisse souvent porter par les phrases sibyllines de son utopie.
ECM (dis. Warner Music) 1857 038 504-2
SCLAVIS (LOUIS) : Napoli’s Walls
On entre dans l’univers de Louis Sclavis comme on arpenterait, vaguement et sciemment, le dédale des rues d’une ville de songe. Le lyonnais du Workshop, de l’Arfi et des multiples rencontres avec Bernard Lubat a toujours cultivé une tension vers l’utopie, ainsi que vers les lieux de traditions et de cultures, invoquées par l’alchimie des clarinettes et des saxophones. Mais en choisissant Naples, il a voulu cette fois-ci éviter l’emprunt folklorique, l’évocation réaliste, pour parler d’elle « comme d’une ville de fiction ». Parce que le folklore napolitain ne se réduit pas aux simples rémanences d’une culture archaïque, mais s’ouvre bien au-delà du simple exotisme, vers l’espace du sacré, de l’étrange et du profane. S’inspirant du travail de l’artiste Ernest Pignon-Ernest effectué à Naples (on se souvient des collaborations de Sclavis avec Guy Le Querrec), qui vient illustrer le livret du disque comme une curieuse promenade à travers la « Regina della Mediterranea » Sclavis nous livre un nouvel album déroutant de pérégrinations contemporaines et improvisées, qui suivent le chemin sinueux qui mènerait de la flânerie au rêve. Accompagné de Vincent Courtois au violoncelle et derrière les commandes électroniques, collaborateur régulier depuis quelques années, de l’excentrique Médéric Collignon à la trompette de poche, derrière les percussions et au chant, et de Hasse Poulsen à la guitare. À l’écoute de Napoli’s Walls, on sent l’étrangeté dont Pignon-Ernest a voulu réinvestir la ville, mais seulement à condition d’avoir les clichés de l’œuvre du grafiste sous les yeux. Ce n’est pas Naples qui vibre à travers cet album, dont on perçoit certes la volonté de créer un autre ordre de réalité, mais l’ancrage méridional, bien peu. Les passages où l’on sent la gaieté, la vitalité et l’humour de Naples (le titre éponyme, par exemple, dont l’hystérie absurde rappelle la tarentelle, ou « Kennedy in Napoli », au ton burlesque de carnaval, et la « Divinazione moderna » plus folklorique et comique), sont bien rares. Le lien ne peut alors pour l’auditeur qu’être contraint ou aléatoire, ce qui semble réduire dans une certaine mesure la portée du projet de Napoli’s Walls. Peut-être une écoute et une vision simultanée dans le cadre d’une représentation serait plus apte à retranscrire cette visée. En-deça du projet total, on retrouve bien les sonorités lisses de Sclavis et de Courtois, sans pour autant négliger l’esthétique du cri hérité du free, le penchant pour l’intégration d’éléments électroniques (rythmes, effets divers) qui peut parfois porter sur les nerfs. Surtout, la joyeuse ivresse de Médéric Collignon, l’intrigante folie de Hasse Poulsen viennent contrebalancer la plus grande rigueur et la précision de Stéphane Courtois. Et évidemment, les clarinettes et les saxophones de Sclavis conservent toute leur force étrangement prophétique : on se laisse souvent porter par les phrases sibyllines de son utopie.
ECM (dis. Warner Music) 1857 038 504-2
Brahem (Anouar) : Vague
1.BRA 372 Fusion Musique Orientale – Musique Improvisée
BRAHEM (Anouar) : Vague
Treize ans qu’Anouar Brahem s’est « installé » chez ECM, moment propice pour sanctionner l’énigme d’un nombre par l’éclectisme d’un « best of »… Œcuménique, Anouar Brahem, qui, non content de bouleverser la hiérarchie des rôles dévolus aux instruments dans la musique arabe, de lancer des collaborations avec des personnalités du monde du cinéma tunisien et de la danse contemporaine (Béjart), a exploité les ressources musicales que lui offraient son nouveau label… Surnam, Holland, Garbarek, Galliano, Danielsson, Couturier, autant de personnalités ouvertes sur les mixtures orientalisantes. Au jazz fait écho la musique tzigane, la musique indienne (Ustad Shaukat Hussain aux tablas sur Madar), avec le Maghreb et, au-delà, une Méditerranée cosmopolite fantasmée par la résonnance des sons de l’oud, les rythmes étrangement fantomatiques de la darbouka et du bendir… Vague rompt évidemment avec le sentiment que chaque album donne non pas d’une unité, mais d’une métaphore musicale filée tout au long du dialogue que le musicien et compositeur élabore à l’occasion de ceux-ci. S’il constitue une bonne porte d’entrée pour le novice, qui y découvrira les nombreux talents rassembleurs de Brahem, on préfèrera les transports longs des flux et reflux des œuvres constituées au désordre didactique de ce pot-pourri, qui reste néanmoins source de tendres et langoureux épanchements.
ECM (dis. Universal Music) 981 069-8
BRAHEM (Anouar) : Vague
Treize ans qu’Anouar Brahem s’est « installé » chez ECM, moment propice pour sanctionner l’énigme d’un nombre par l’éclectisme d’un « best of »… Œcuménique, Anouar Brahem, qui, non content de bouleverser la hiérarchie des rôles dévolus aux instruments dans la musique arabe, de lancer des collaborations avec des personnalités du monde du cinéma tunisien et de la danse contemporaine (Béjart), a exploité les ressources musicales que lui offraient son nouveau label… Surnam, Holland, Garbarek, Galliano, Danielsson, Couturier, autant de personnalités ouvertes sur les mixtures orientalisantes. Au jazz fait écho la musique tzigane, la musique indienne (Ustad Shaukat Hussain aux tablas sur Madar), avec le Maghreb et, au-delà, une Méditerranée cosmopolite fantasmée par la résonnance des sons de l’oud, les rythmes étrangement fantomatiques de la darbouka et du bendir… Vague rompt évidemment avec le sentiment que chaque album donne non pas d’une unité, mais d’une métaphore musicale filée tout au long du dialogue que le musicien et compositeur élabore à l’occasion de ceux-ci. S’il constitue une bonne porte d’entrée pour le novice, qui y découvrira les nombreux talents rassembleurs de Brahem, on préfèrera les transports longs des flux et reflux des œuvres constituées au désordre didactique de ce pot-pourri, qui reste néanmoins source de tendres et langoureux épanchements.
ECM (dis. Universal Music) 981 069-8
Art Ensemble Of Chicago : Tribute To Lester
1.ART 361 Free Jazz
ART ENSEMBLE OF CHICAGO : Tribute To Lester
Comment décrire la joie qui s’empare du fan de l’Art Ensemble of Chicago, de celui qui les côtoya (on m’accordera le bénéfice du doute par souci d’adhésion enthousiaste à la chronique…) des années durant dans un Paris effervescent de révolte et d’absurdes croisements musicaux et théâtraux à l’American Center, au Lucernaire, ou plus loin à Amougies, alors que la censure régnait en France … En ces temps-là, les hommes ne se souciaient pas de leur hygiène, les femmes ne pensaient qu'à entasser leurs soutifs pour en faire des autodafés, et George Bush se la coulait douce dans l’aviation de réserve de l’Alabama. En ces temps-là, L’Art Ensemble revendiquait une « Grande Musique Noire », guidait les spectateurs de ses concerts à travers le Quartier Latin dans de burlesques fanfares en liesse (le morceau « Tutankhamun » date de cette époque)… Et il inspirait tous ceux qui allaient devenir les collectifs de free du sol français, de Cohelmec au Workshop de Lyon, en passant par Machi Oul et le Dharma. Avec cet hommage à l’un de ses piliers, Lester Bowie, décédé en 1999, dont la personnalité musicale était à elle toute seule comme un condensé d’histoire de la musique noire, traditionnelle et récente, de la transe de la polyrythmie à l’afro-beat de Fela Kuti, l’Art Ensemble nous rappelle ce que le free jazz avait lancé à la face du conservatisme ambiant : que la musique afro-américaine, outre qu’elle n’était pas du « jazz » au sens dégradant de l’étymologie du terme, mais « Great », ne devait jamais sombrer dans le ressassement sempiternel du répertoire, des genres passés. Au contraire, elle devait, tout en revendiquant et en s’inspirant de ses origines, se remettre constamment en jeu, parier sur son existence en risquant son essence par la libération des conventions. C’est cet esprit que l’on retrouve avec Tribute To Lester, grâce aux introductions percussives (« Sangaredi », qui rappelleront Bap-Tizum, Urban Bushmen), aux improvisations collectives délirantes mais plus concentrées par la formule du trio et le régime imposé au bestiaire instrumental, moins loufoque (Playscool n’est plus sponsor) mais tout aussi efficace. Roscoe Mitchell reprend l’avant-poste avec ses saxophones, sans qu’il s’agisse là d’une prise de pouvoir individuel, les structures bop (section rythmique restituée dans ses fonctions bop, walking bass, solos individualisés et successifs) réapparaissent parfois (sur « Tutankhamun » par exemple, preuve qu’elles n’avaient jamais totalement disparu), sans qu’il s’agisse de bop pur (torture et esthétique du cri des saxs de Mitchell, caractère « bruitiste » et libertaire des coups de Don Moye…). L’humour, la parodie, le festif, le solidaire demeurent le noyau de la musique de l’Art Ensemble of Chicago, qui n’est égal à lui-même qu’en changeant sans cesse de masque.
ECM (dis. Universal Music) 1808 017 066-2
ART ENSEMBLE OF CHICAGO : Tribute To Lester
Comment décrire la joie qui s’empare du fan de l’Art Ensemble of Chicago, de celui qui les côtoya (on m’accordera le bénéfice du doute par souci d’adhésion enthousiaste à la chronique…) des années durant dans un Paris effervescent de révolte et d’absurdes croisements musicaux et théâtraux à l’American Center, au Lucernaire, ou plus loin à Amougies, alors que la censure régnait en France … En ces temps-là, les hommes ne se souciaient pas de leur hygiène, les femmes ne pensaient qu'à entasser leurs soutifs pour en faire des autodafés, et George Bush se la coulait douce dans l’aviation de réserve de l’Alabama. En ces temps-là, L’Art Ensemble revendiquait une « Grande Musique Noire », guidait les spectateurs de ses concerts à travers le Quartier Latin dans de burlesques fanfares en liesse (le morceau « Tutankhamun » date de cette époque)… Et il inspirait tous ceux qui allaient devenir les collectifs de free du sol français, de Cohelmec au Workshop de Lyon, en passant par Machi Oul et le Dharma. Avec cet hommage à l’un de ses piliers, Lester Bowie, décédé en 1999, dont la personnalité musicale était à elle toute seule comme un condensé d’histoire de la musique noire, traditionnelle et récente, de la transe de la polyrythmie à l’afro-beat de Fela Kuti, l’Art Ensemble nous rappelle ce que le free jazz avait lancé à la face du conservatisme ambiant : que la musique afro-américaine, outre qu’elle n’était pas du « jazz » au sens dégradant de l’étymologie du terme, mais « Great », ne devait jamais sombrer dans le ressassement sempiternel du répertoire, des genres passés. Au contraire, elle devait, tout en revendiquant et en s’inspirant de ses origines, se remettre constamment en jeu, parier sur son existence en risquant son essence par la libération des conventions. C’est cet esprit que l’on retrouve avec Tribute To Lester, grâce aux introductions percussives (« Sangaredi », qui rappelleront Bap-Tizum, Urban Bushmen), aux improvisations collectives délirantes mais plus concentrées par la formule du trio et le régime imposé au bestiaire instrumental, moins loufoque (Playscool n’est plus sponsor) mais tout aussi efficace. Roscoe Mitchell reprend l’avant-poste avec ses saxophones, sans qu’il s’agisse là d’une prise de pouvoir individuel, les structures bop (section rythmique restituée dans ses fonctions bop, walking bass, solos individualisés et successifs) réapparaissent parfois (sur « Tutankhamun » par exemple, preuve qu’elles n’avaient jamais totalement disparu), sans qu’il s’agisse de bop pur (torture et esthétique du cri des saxs de Mitchell, caractère « bruitiste » et libertaire des coups de Don Moye…). L’humour, la parodie, le festif, le solidaire demeurent le noyau de la musique de l’Art Ensemble of Chicago, qui n’est égal à lui-même qu’en changeant sans cesse de masque.
ECM (dis. Universal Music) 1808 017 066-2
Miroslav Vitous : Universal Syncopations
1. VIT 372
MIROSLAV VITOUS : Universal Syncopations
Un jour, ECM se verra condamné pour ses mœurs pour le moins ambigus… Prôner ainsi l’inceste, en petit comité ! Ce sont en effet cinq grosses têtes du label qui se retrouvent sur Universal Syncopations, sous la houlette de Miroslav Vitous, dont il n’est pas nécessaire de rappeler le rôle de premier plan joué dans les années 1970 au sein de Weather Report. Avec lui, donc, Jan Garbarek, saxophoniste polyglotte et touche-à-tout, John McLaughlin, autre grand nom du jazz fusion, et pas moins doué que celui-ci pour croiser les genres musicaux (jazz, rock, musique indienne – avec ce-dernier dans Making Music de Zakir Hussain -, flamenco…), ainsi que Chick Corea au piano et Jack DeJohnette à la batterie : l’ombre de Miles plane encore ! En fait, le quintette laisse souvent la place à des ensembles plus petits, qui permettent aux musiciens de dialoguer dans l’intimité du duo ou du trio. Ainsi, sur « Beethoven » et « Tramp Blues », Vitous donne la réplique à Garbarek, DeJohnette marquant avec précision les temps, les silences s’ajoutant au tout comme autant d’excroissances domptées par le jeu des musiciens. Avec « Faith Run », sur un tempo plus rapide, Vitous se fait plus frénétique et pousse McLauglhlin à varier constamment son jeu, entre tension et détente onduleuse. Sur « Univoyage », en revanche, Corea prend les rennes devant Vitous et DeJohnette, avant d’être rapidement rejoint par les appels du bassiste, et très vite Garbarek et McLaughlin complètent l’ensemble dans un échange impressionnant de courtes phrases successives, le tout ponctué par quelques interventions minimalistes de la section de cuivres, constituée de Wayne Bergeron (trompette), Valerie Ponomarev (trompette et bugle) et Isaac Smith (trombone) également présente sur « Tramp Blues » et « Faith Run »). Nous avons affaire là à des musiciens qui se connaissent, l'entente évidente qui sourd à chaque instant force l’admiration. Un disque extrêmement précis et feutré, où la densité du son de Vitous et la brume capiteuse de McLaughlin se fondent par on ne sait quelle alchimie avec le pointillisme acéré de DeJohnette, le lyrisme de Corea et de Garbarek. Il en surgit une sensation étrange de confort et de tension, qui débouche sur un swing très particulier, délectable et inquiétant à la fois. Un disque splendide.
ECM (dis. Universal Music) 1863 038 506-2
MIROSLAV VITOUS : Universal Syncopations
Un jour, ECM se verra condamné pour ses mœurs pour le moins ambigus… Prôner ainsi l’inceste, en petit comité ! Ce sont en effet cinq grosses têtes du label qui se retrouvent sur Universal Syncopations, sous la houlette de Miroslav Vitous, dont il n’est pas nécessaire de rappeler le rôle de premier plan joué dans les années 1970 au sein de Weather Report. Avec lui, donc, Jan Garbarek, saxophoniste polyglotte et touche-à-tout, John McLaughlin, autre grand nom du jazz fusion, et pas moins doué que celui-ci pour croiser les genres musicaux (jazz, rock, musique indienne – avec ce-dernier dans Making Music de Zakir Hussain -, flamenco…), ainsi que Chick Corea au piano et Jack DeJohnette à la batterie : l’ombre de Miles plane encore ! En fait, le quintette laisse souvent la place à des ensembles plus petits, qui permettent aux musiciens de dialoguer dans l’intimité du duo ou du trio. Ainsi, sur « Beethoven » et « Tramp Blues », Vitous donne la réplique à Garbarek, DeJohnette marquant avec précision les temps, les silences s’ajoutant au tout comme autant d’excroissances domptées par le jeu des musiciens. Avec « Faith Run », sur un tempo plus rapide, Vitous se fait plus frénétique et pousse McLauglhlin à varier constamment son jeu, entre tension et détente onduleuse. Sur « Univoyage », en revanche, Corea prend les rennes devant Vitous et DeJohnette, avant d’être rapidement rejoint par les appels du bassiste, et très vite Garbarek et McLaughlin complètent l’ensemble dans un échange impressionnant de courtes phrases successives, le tout ponctué par quelques interventions minimalistes de la section de cuivres, constituée de Wayne Bergeron (trompette), Valerie Ponomarev (trompette et bugle) et Isaac Smith (trombone) également présente sur « Tramp Blues » et « Faith Run »). Nous avons affaire là à des musiciens qui se connaissent, l'entente évidente qui sourd à chaque instant force l’admiration. Un disque extrêmement précis et feutré, où la densité du son de Vitous et la brume capiteuse de McLaughlin se fondent par on ne sait quelle alchimie avec le pointillisme acéré de DeJohnette, le lyrisme de Corea et de Garbarek. Il en surgit une sensation étrange de confort et de tension, qui débouche sur un swing très particulier, délectable et inquiétant à la fois. Un disque splendide.
ECM (dis. Universal Music) 1863 038 506-2
Stefano Bollani : Smat Smat
1. BOL 372 Piano solo
STEFANO BOLLANI : Smat Smat
Stefano Bollani est le pitre le plus sympathique du jazz italien. On le verra à Paris reprendre les grandes chansons des révolutionnaires de 1789 et des partisans de 1943, à Rome en train de mêler le jazz, la guinguette et la musette, Kurt Weil, la représentation théâtrale et le burlesque, s’il n’est pas en train de rendre dans le même genre un hommage à Raymond Queneau, ou encore, plus obséquieusement, à Chet Baker ou Miles Davis en compagnie du quintette d’Enrico Rava et de Paolo Fresu. Et on l’écoute ici, en solo, passer de reprises des Beatles (« Norvegian Wood »), à Thelonious Monk (« Ugly Beauty »), de Frank Zappa (« Let’s Move To Cleveland ») à Prokoviev (« Pierre Et Le Loup »)… Stefano est du genre à tripatouiller les entrailles de son piano avec des mains d’orfèvre, à parodier la musique respectable pour anoblir ensuite de jolis petits thèmes pop de ses dredlocks swinguantes. Il redevient plus sérieux et concentré lorsqu’il s’agit de nous livrer le son de ses cordes vocales (« Il Mare Si È Fermato »), où le jazz s’épanche alors vers une variété suave, un peu à la façon de Sergio Cammariere, figure de proue de la nouvelle génération de « cantautori » italiens. Smat Smat est un disque cyclothymique, à l’image de son exécutant, qui nous noie dans le lyrisme le plus mélancolique avant de nous ressortir la tête avec un sourire de clown. Un musicien exceptionnel. www.label-bleu.com
Label Bleu LBLC 6665
STEFANO BOLLANI : Smat Smat
Stefano Bollani est le pitre le plus sympathique du jazz italien. On le verra à Paris reprendre les grandes chansons des révolutionnaires de 1789 et des partisans de 1943, à Rome en train de mêler le jazz, la guinguette et la musette, Kurt Weil, la représentation théâtrale et le burlesque, s’il n’est pas en train de rendre dans le même genre un hommage à Raymond Queneau, ou encore, plus obséquieusement, à Chet Baker ou Miles Davis en compagnie du quintette d’Enrico Rava et de Paolo Fresu. Et on l’écoute ici, en solo, passer de reprises des Beatles (« Norvegian Wood »), à Thelonious Monk (« Ugly Beauty »), de Frank Zappa (« Let’s Move To Cleveland ») à Prokoviev (« Pierre Et Le Loup »)… Stefano est du genre à tripatouiller les entrailles de son piano avec des mains d’orfèvre, à parodier la musique respectable pour anoblir ensuite de jolis petits thèmes pop de ses dredlocks swinguantes. Il redevient plus sérieux et concentré lorsqu’il s’agit de nous livrer le son de ses cordes vocales (« Il Mare Si È Fermato »), où le jazz s’épanche alors vers une variété suave, un peu à la façon de Sergio Cammariere, figure de proue de la nouvelle génération de « cantautori » italiens. Smat Smat est un disque cyclothymique, à l’image de son exécutant, qui nous noie dans le lyrisme le plus mélancolique avant de nous ressortir la tête avec un sourire de clown. Un musicien exceptionnel. www.label-bleu.com
Label Bleu LBLC 6665
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1.426 DUN Soul rap
DUNN, Izzy : [the] Big Picture
Il y a des jours comme ça. Où on se lève, sort de chez soi, et sur le chemin, on se retrouve nez à papier avec un billet de 50 € (qu’on décide derechef de réinvestir dans la matière première – non, pas la bière, ivrognes ! La musique, bien sûr !). Bref. Ce disque de mademoiselle Dünn (frangine de Trevor de Mr Bungle ? Non, ce serait trop beau !) fait exactement le même effet. On se dit « waw ! quel bol ! » et on a la frite pour la journée. Car « The Big Picture » est à la fois un très bon disque et une perle d’inventivité. Essentiellement réalisé à partir de vrais instruments dont la centrale et omniprésente contrebasse de la demoiselle, l’album est une bouffée de fraîcheur. De plus, ladite Izzy a une voix chaude, un peu féline et très sexy par moments. Entre Gwen Stefani, Macy Gray et Pink, elle butine entre rap et R & B non niais et new soul de classe. Alors amateurs de coolitude, de voix sensuelles et de bon groove, à vous de jouer ! Faites en sorte que ce superbe disque ne reste pas méconnu ! (Marc Poteaux)
Fireworx (dis. Fireworx) FWXLP12104
DUNN, Izzy : [the] Big Picture
Il y a des jours comme ça. Où on se lève, sort de chez soi, et sur le chemin, on se retrouve nez à papier avec un billet de 50 € (qu’on décide derechef de réinvestir dans la matière première – non, pas la bière, ivrognes ! La musique, bien sûr !). Bref. Ce disque de mademoiselle Dünn (frangine de Trevor de Mr Bungle ? Non, ce serait trop beau !) fait exactement le même effet. On se dit « waw ! quel bol ! » et on a la frite pour la journée. Car « The Big Picture » est à la fois un très bon disque et une perle d’inventivité. Essentiellement réalisé à partir de vrais instruments dont la centrale et omniprésente contrebasse de la demoiselle, l’album est une bouffée de fraîcheur. De plus, ladite Izzy a une voix chaude, un peu féline et très sexy par moments. Entre Gwen Stefani, Macy Gray et Pink, elle butine entre rap et R & B non niais et new soul de classe. Alors amateurs de coolitude, de voix sensuelles et de bon groove, à vous de jouer ! Faites en sorte que ce superbe disque ne reste pas méconnu ! (Marc Poteaux)
Fireworx (dis. Fireworx) FWXLP12104