Chroniques de juin 2005

[Marc Poteaux]

2.53 BLU Ambiant black étrange et malsain
BLUT AUS NORD : Thematic Emanation Of Archetypal Multiplicity
Après le très impressionnant « The Work Which Transforms God », Blut Aus Nord nous livre un mini-album de cinq titres pour nous faire patienter jusqu’à sa prochaine offrande longue durée. Très vite, on se rend compte que ce nouvel épisode du grand téléfilm horrifico - ésotérique du one-man band vise beaucoup plus l’ambiance que l’agressivité. De fait, ce cinq titres ne comporte que très peu de parties brutales, la plupart des titres étant axés sur des claviers et des samples. Au final, même si on regrette un peu la magie mortifère de « The Work… », on est heureux de voir l’artiste se renouveler et nous proposer quelque chose de neuf (mais pas inédit pour autant). (Marc Poteaux)
Appease Me (dis. Candlelight) Candle099cd

[Marc Poteaux]

2.53 GWA Hardcore heavy délirant
GWAR : War Party
Le retour des fous furieux peinturlurés de Gwar se place dès le premier titre de ce « War Party » sous le signe de l’agressivité retrouvée. Un peu plus hardcore que par le passé, le groupe gagne en efficacité ce qu’il perd en fun attitude. Certes, le disque manque d’un « Meat Sandwich », le tube drôle et imparable est bel et bien absent, et entre l’homogénéité et le déjà-vu, on ne sait quel qualificatif choisir, mais le fait que Gwar n’est pas une formation révolutionnaire musicalement parlant étant établi depuis quelques temps, il faut reconnaître que ce nouvel épisode des aventures des cinq affreux gugusses remplit les attentes des fans. (Marc Poteaux)
DRT Entertainment (dis. Sony) Promo

[Marc Poteaux]

2.53 TRI Doom death
TRISTANIA : Ashes
Après trois albums unanimement salués comme de très bons manifestes de doom metal lyrique, Tristania décide de faire le point avec un album de transition reprenant une teinte un peu abandonnée (tonalité sensiblement plus death doom et moins gothique que les dernières œuvres, et voix en rapport, côté orchestral largement atténué) pour chercher un nouveau souffle. Les dissensions internes ayant amené à la création du clone Sirenia en seraient-elles à l’origine ? En tout cas, le groupe y a certainement perdu une part de personnalité…et de talent. Ce « Ashes » sonne un peu daté, et fait pâle figure à côté de « World Of Glass »…Alors faut-il respecter la volonté du groupe et encourager cette mutation ou regretter le passé ? Voyons les choses autrement ; le fait est que les norvégiens n’ont pas le niveau des outsiders du doom death actuel, et plus le niveau de la formation qu’ils étaient il y a encore deux ans. Triste constat non ? Espérons que ce trouble n’est que passager et qu’ils sauront recentrer le tir sur le prochain opus. (Marc Poteaux)
Steamhammer (dis.SPV) SPV 085-99202 cd

[Marc Poteaux]

2.53 DIC Heavy metal
DICKINSON, Bruce : Tyranny Of Souls
Ô surprise, un nouvel album solo de monsieur Bruce, ci-devant ex nouveau chanteur de la vierge de fer, qui n’en finit plus de pratiquer les montagnes russes depuis le premier divorce ayant suivi le grand « Fear Of The Dark » et les tournées qui suivirent…Le Jarod du heavy metal (animateur radio, pilote d’avion, grand amateur d’escrime, et chanteur menant une double carrière, euh…tu dors quand Bruce ?) aurait-il décidé d’assurer ses arrières ? Car à bien y regarder, ce nouvel album solo est de facture beaucoup plus classique que certains de ses prédécesseurs (le mésestimé « Skunkworks » et le précédent « Chemical Wedding »), et les compositions ici présentes auraient presque pu figurer sur un Iron Maiden (ou du sur la dernière baudruche « Dance Of Death » ?). Hormis quelques éléments un peu plus modernes (ah bon ? ça fait ça aussi un synthé ?), le tout sent un peu le réchauffé, et on regretterait presque l’influence des « amis retrouvés » sur cette œuvre…Dommage pour un artiste qui avait démontré une certaine intelligence dans le choix de son changement dans la continuité…(Marc Poteaux)
Mayan (dis. Sanctuary) MYNCD035

[Marc Poteaux]

2.53 ALL Deathcore plus death que core !
ALL SHALL PERISH : Hate Malice Revenge
Nouveau venu ricain sur une scène deathcore en pleine ébullition, All Shall Perish privilégie le côté marteau pilon du death, utilisant l’élément hardcore pour enrichir son riffing et ses rythmes une fois de temps en temps. Le groupe n’hésite parfois à ralentir le tempo, ou au contraire à lui conférer un côté plus épique, et à utiliser des parties de guitares plus mélodiques ou plus techniques histoire de ne pas perdre l’auditeur dans un océan d’intégrisme infécond. Et au final, ce disque s’écoute avec plaisir, même si on aurait aimé y trouver un peu moins de parties mid-tempo, et une utilisation encore plus systématique des qualités de composition suscitées. (Marc Poteaux)
Nuclear Blast (dis. Warner) NB1401

[Marc Poteaux]

2.53 KOR Folk metal
KORPIKLAANI : Voice Of Wilderness
Le premier album de ces voisins de Finntroll, « Spirit Of The Forest », m’avait fait bondir de mon siège pour me précipiter sur une piste de danse païenne et endiablée. Le mélange entre Skyclad et Motorhead qui y était proposé m’avait à la fois amusé et séduit. Ce deuxième opus était donc bien parti pour gagner mes faveurs. Et c’est ce qu’il fit dès la première écoute. Certes, la surprise est passée, mais ce cocktail entre mélodies folk, riffs typiquement métal et voix chargée au douze ans d’âge fait irrémédiablement mouche pour quiconque a l’esprit suffisamment ouvert pour accepter ce mariage prétendu contre-nature. Inutile de s’attarder plus sur la question, Korpiklaani confirme son talent au travers de ces onze titres, et même si les quelques touches de créativité ajoutées ici ne suffiront pas à pérenniser le style sur le long terme, on en redemande ! (Marc Poteaux)
Napalm (dis. Season Of Mist) NPR161

[Marc Poteaux]

2.53 ENS Metal extrême et progressiste
ENSLAVED : Isa
Sans jamais renier son glorieux passé de premier de la classe de la deuxième vague black, Enslaved s’est toujours posé en formation ambitieuse, mettant un point d’honneur à évoluer d’album en album, un peu comme ses condisciples et voisins Emperor (dont on cherche en vain un successeur). Ayant touché la perfection du doigt avec le somptueux « Frost » en matière de viking black, le groupe s’est tout d’abord replongé dans une ambiance guerrière et sauvage, puis a décidé d’expérimenter à tout va, proposant à ses fans ébahis une musique sans nom et sans âge, jouant autant avec les sensations qu’avec les tympans. Venons-en à ce huitième album ; « Isa » est encore une fois une invitation au voyage, une épopée dans l’univers développé par Enslaved et enrichi d’album en album. Ce voyage nous ramène un peu plus souvent à l’époque de « Eld » que son prédécesseur, joue plus avec la bestialité qu’avec un psychédélisme inédit, s’attarde plus à explorer les racines vikings qu’à faire pousser les branches d’Yggdrasil vers des cieux inexplorés. Mais l’album n’en est pas moins bon, et c’est encore une œuvre riche et intelligente que nous convient à découvrir les norvégiens. Que votre périple soit encore long et semé d’embûches, vos albums n’en seront que meilleurs ! (Marc Poteaux)
Tabu (dis. Season Of Mist) Tabu 007

[Marc Poteaux]

2.53 FUN Doom metal
FUNGOID STREAM : Celaenus Fragments
Déchirée par le destin pathétique de son héros national Maradonna, l’Argentine a décidé d’investir toutes ses ressources dans la production d’une musique criant son désespoir au monde entier. Quoi de mieux qu’une quarantaine de minutes d’un funeral doom des familles pour représenter les sentiments les plus noirs d’un peuple ? Bon, j’extrapole peut-être un peu en ce qui concerne les raisons d’exister de cette formation sud-américaine, mais le résultat est là : « Celaenus Fragments » est une œuvre chargée d’une noirceur maladive, baignant l’auditeur dans un univers oppressant et sans espoir. Et c’est d’autant plus admirable que Fungoid Stream utilise assez peu les instruments de prédilection du genre ; les murs de guitares accordées trois tons en dessous et la voix death grave de chez grave ne sont présents que lorsque c’est nécessaire, et le plus souvent remplacés par des chœurs et des effets atmosphériques ou orchestraux au synthé. Alors oui, le groupe n’a pas forcément des moyens colossaux, et ça sonne parfois un peu cheap, mais l’intention est vraiment bonne et le tout est assez bien composé pour que l’on s’y laisse prendre (pendre ?) sans chercher un éventuel défaut. (Marc Poteaux)
Furias (dis. Furias) F1001

[Marc Poteaux]

2.53 HOR Black metal
HORNA : Envaatnags Eflos Solf Esgantaavne
Bon. Là, tout de suite, vous allez me demander ce que signifie l’énigmatique (et imprononçable) titre de ce nouvel album des Finlandais de Horna. Et je vous répondrais sans me démonter que Horna est une formation composée de surfeurs et que leur nouvelle œuvre s’intitule «On va nager par les flots sauf quand on est aviné ». Voilà, maintenant ce détail réglé (sauf si vous ne m’avez pas cru, et dans ce cas je vous invite à envoyer une meilleure traduction), passons au gros œuvre. Le black metal développé ici est du type « true », qualificatif auquel on pourrait ajouter celui d’« underground ». Vous l’aurez compris, les claviers atmosphériques, chanteuses soprano ou voix claires sont bannies, au profit d’un art noir et ancestral, d’un classicisme à la limite de l’intégrisme mais qui pourtant fonctionne parfaitement pour l’amateur du genre que je suis. Et petit à petit, on se rend compte que le groupe a l’intelligence et le bon goût de truffer ses compositions de riffs et rythmiques heavy, rendant le tout beaucoup plus digeste qu’un banal album de tâcherons old school comme il y en a tant. Classique, sans surprise, mais sympa. (Marc Poteaux)
Woodcut (dis. Masterpiece) CUT036

[Marc Poteaux]

2.53 ABO Death metal
ABORTED : The Archaic Abattoir
C’est ma première rencontre avec les belges d’Aborted, qui en sont pourtant à leur quatrième album. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’après m’être farci cet album, je n’ai qu’une envie : me jeter sur les albums précédents ! « The Archaic Abattoir » commence comme un album de death haut de gamme, et ne cesse de se bonifier ! Des influences hardcore par-ci, thrash par là, une voix claire (oui, enfin, plus claire, on est pas chez Stratovarius non plus), les brutes du plat pays ne s’imposent pas de carcan, et sa musique a donc toutes les chances de plaire à la fois aux die-hard fans de death dont il reprend les éléments principaux (voix d’ours, rythmes échevelés, son caractéristique…) et aux fans d’extrême un peu plus exigeants. Que vous soyez l’un ou l’autre, pas d’hésitation, achetez ce disque les yeux fermés, et délectez-vous de la découverte de l’un des plus sérieux prétendants au titre de meilleure formation death européenne. (Marc Poteaux)
Listenable (dis. Pias) Posh068

[Marc Poteaux]

2.53 CEP Grind death
CEPHALIC CARNAGE : Anomalies
Entre le grind, le death et le deathcore, Cephalic Carnage ne sait que choisir. Et en plus, les ricains ont un certain goût pour l’expérimentation, les multiples changements de rythme et, disons-le franchement, le grand n’importe quoi. Qu’en ressort-il pour ce quatrième album ? Ben, on est déjà content d’en ressortir tout court tant l’industrie est périlleuse. Pas déplaisant du tout, ce cocktail zarbi, même s’il n’est pas recommandé de le siroter dans toutes les situations et les états d’esprits. Car si le groupe a la délicatesse de nous calmer l’esprit avec un « Ontogony Of Behavior » plus atmosphérique et doom - thrash en fin de parcours, les onze titres qui le précèdent ne sont pas de tout repos et viendront à bout des moins ouverts. Mais la patience (l’album n’est pas immédiat, plusieurs écoutes seront nécessaires pour en déceler les richesses) et l’attention des autres sera récompensée par la jouissance d’un grind hors-normes, misant plus sur la composition et l’originalité que sur la bestialité (pourtant bien présente, rassurez-vous !). (Marc Poteaux)
Relapse (dis. Season Of Mist) RR 6638-2

[Marc Poteaux]

2.53 SUM Death metal
SUMMON : Fallen
Nouvelle livraison de death metal bien brutal et méchant avec les américains de Summon. Assez old school mais rehaussé d’influences Bewitched (la voix, et ces riffs thrash dont le groove n’est pas absent, et s’il était besoin de le démontrer le groupe se fend d’une reprise de « Loud As Hell Fast As Fuck »), le tout a malgré tout un défaut, c’est le fait d’être assez répétitif. Le chanteur ne module pas assez ses vocaux, et les riffs, aussi carrés soient-ils, finissent par se ressembler tant leur interprétation trop académique en diminue l’efficacité. Soyons clairs ; « Fallen » est un bon album, mais qui manque énormément de relief et de créativité. Et dans une scène death qui ne manque pas de seconds couteaux et de talents naissants, Summon devra sacrément jouer des coudes pour se faire remarquer. (Marc Poteaux)
Moribund (dis. Masterpiece) DEAD55

[Marc Poteaux]

2.53 DEA Dark mélodique
DEADLOCK : Earth Revolt
Alors eux je ne les ai vraiment pas vu arriver. Un groupe allemand qui donne dans le black dark mélodique, les seules fois où ça m’est tombé entre les pattes, c’était franchement pas terrible. Et d’ailleurs, pour verser dans les généralités stupides, je dois dire que le black allemand, c’est généralement pas mon trip. C’est donc avec une certaine joie que je vois ici la malédiction prendre fin avec ce troisième (si je compte bien) album de Deadlock, après une remise en question des fondements du groupe et de sa forme d’expression (ajout de claviers et d’un chant féminin. Des éléments basiques certes, mais qui utilisés à bon escient donnent des résultats admirables. Dont acte. « Earth Revolt » est de bon goût, bien agencé, correctement produit, pas révolutionnaire mais bougrement efficace. Bon, niveau violence sonore, on a aussi vu pire, je vous l’accorde, et c’est souvent sous la bannière mid-tempo heavy que les dix titres de cet album défilent, même si un riffing un peu plus dark les habite et que la voix à mi-chemin entre divers genres en rajoute une pincée dans le brutal. Mais je le dis encore une fois, tout cela n’affecte en rien la grande qualité de ce « Earth Revolt », dont on me pardonnera bien de n’avoir révélé plus tôt qu’il s’agit d’un concept album, n’ayant point eu les textes ! Un très bon disque, un groupe de plus à découvrir ! (Marc Poteaux)
Lifeforce (dis. Overcome) CD-LFR 053-2
Sortie le 28 juin 2005 !

[Marc Poteaux]

2.53 DES Deathcore
DESPISED ICON : The Healing Process
Canadien nouveau venu sur la scène deathcore, Despised Icon est déjà présenté par certains comme la nouvelle sensation du genre. Et même si le groupe a quelques atouts (des influences diverses, des riffs parfois franchement terrassants, des passages originaux), je dois avouer que le reste me laisse complètement de marbre. « The Healing Process » a beau être bien agencé, la plupart des riffs le composant sonnent comme du déjà-entendu, et le rendent quelque peu rébarbatif. De la bonne volonté, de bonnes idées, un savoir-faire technique, mais pas assez de talent. Dommage ! (Marc Poteaux)
Century Media (dis. Season Of Mist) CM8220

[Marc Poteaux]

2.53 ASI Hardcore rock
ASIDE FROM A DAY : Divine Proportion
Aside From A Day est une formation française dont ce « Divine Proportion » est le premier album après deux mini qui leur ont permis de se faire un petit nom. Et fichtre que je suis heureux que ça roule pour eux ! Car le hardcore mâtiné de rock du combo est vraiment attachant. La fraîcheur qui se dégage de ces neufs compositions est vraiment bienfaitrice, c’est le genre d’album que l’on aime faire découvrir à ses potes, une tuerie qui nous réconcilie subitement (et temporairement) avec la logique marketing et la sacem. Toujours violent (sauf le temps d’une petite pause à mi-parcours), mais ne se déparant jamais de ce groove endiablé et de cette énergie formidable, Aside From A Day a tout pour gagner les faveurs des fans de hardcore original sans être prise de tête ou trop mid-tempo. Bravo. (Marc Poteaux)
Exutoire (dis. Overcome) Ex :006