Chroniques de mars 2005

[Jean Nicolas]

8.613 REN
RENAULT, Nathalie : Creuser des océans.
Nathalie Renault, n’a pas tort d’intituler son disque Creuser des océans, elle qui, de son Nouveau-Brunswick natal, a émigré vers Montréal en bas âge, elle qui a lancé son premier disque en Allemagne. Nathalie Renault est une chanteuse mature qui a su creuser « son propre océan » au fil des ans. Le style vocal est travaillé, l’instrumentation jazzy, esthétique dont elle se réclame, discrète. Nathalie Renault, au piano et à la voix sait mettre sa voix de l’avant mais son texte ne cherche pas forcément à s’harmoniser avec les mélodies. C’est plutôt le rythme de l’ensemble instrumental qui prime. Il est composé de Pierre Pépin à la contrebasse et Alain Boyer à la batterie. Le disque est composée de 12 chansons dont deux en anglais (Be for real et la très romantique My foolish heart) composé par Washington/Young. Nathalie Renault s’est adjointe la complicité de France Bonneau à l’écriture de quelques chansons. Si Renault n’a pas eu tout le succès commercial qu’elle mérite, on peut indéniablement lui reconnaître son style emprunté à aucune chanteuse. (Jean-Nicolas De Surmont)
MUSACTION (dis. Plages (Québec)/France : Librairie du Québec), NR 2003.

8.30 LAL
LALIBERTE, Sylvie : Ca s’appelle la vie.
Sylvie Laliberté, auteure-compositrice-interprète jongle avec les mots comme avec la musique sur ce premier disque auto-produit. Elle s’inscrit dans ce que pourrait considérer être l’évolution normale de ce que sont devenus des femmes comme Françoise Hardy ou Pauline Julien. Une voix de femme qui n’a rien de celle d’une virtuose, sans épanchements ni volonté de séduire, « une fille ben ordinaire » comme elle le chante. L’orchestre qui l’accompagne est varié : guitare glissante, saxophone, siffleur, batteur, voix et harmonies. Les accompagnements sont à dominante mélodique dotés d’une certaine bizarrerie dans les jumelages instrumentaux…qui donnent à cet album les couleurs de cette jeune femme. Oui, il faut le deviner, Laliberté, sans jeux de mots, est tout aussi souriante que joueuse. Et elle sait jouer avec la vie. Un florilège de chansons sans trop d’artifices et, étonnement, sans aucun piano. Longue vie à Laliberté… (Jean-Nicolas De Surmont)
Productions de Laliberté (dis. Local (Québec. Pour la France et l’Europe : Librairie du Québec) SLCD 02

8.5 CLE
CLERCQ, Karine : Femme X.
Récemment couronnée par le festival Coup de cœur francophone à Montréal, la bruxelloise Karin Clercq a le vent dans les voiles. La chanteuse, rockeuse est rien de plus professionnelle qu’on le peut, avec des programmations psychédéliques (Femme X), des chansons plus rythmées (Les petites errances) avec la batterie de Gaël Desbois. Clercq compose les textes de toutes ces chansons avec un style poétique à la versification simple et aux rimes simples. Des textes féminins de femmes qui cherchent pourquoi on ne les regarde pas alternent avec des textes plus abstraits comme Grise, des rapports conflictuels (Etranger). Les musiques sont toute de Guillaume Jouan qui a aussi effectué l’enregistrement et la production. La conception graphique du disque ne manque pas de mettre l’eau au sein d’une série de photos. (Jean-Nicolas De Surmont)
Play it again Sam (dis. PIAS) 941.0071.020

8.4 ODD
ODDERA, Danielle : Danielle Oddera chante Sylvain Lelièvre.
Marseillaise venue s’installer au Québec en 1960, Danielle Oddera chantait déjà dans les années 1960 les chansons de Sylvain Lelièvre. En 1978 elle avait aussi fait un album en colla- boration avec Sylvain Lelièvre. La proximité d’esprit avec le défunt chansonnier de la Basse Ville de Québec est donc ancienne. Les chansons de Sylvain Lelièvre couvre une période qui va de 1979 à 1991. Quelques unes des chansons sont notamment sorties sur Venir au monde en 1981. L’hommage de Danielle Oddera semblait plus qu’opportun pour évoquer la mémoire d’un chansonnier qu’on a trop souvent oublié mais que le Festival Coup de cœur francophone honore par le nom d’un prix. La plupart des chansons, paroles et musique sont écrites par Lelièvre lui-même sauf quelques participations de François Cousineau (La star des ciné nuits ), Robert Gadouas (Mourir debout ), Eddy Marnay (Mon cinéma debout) et le poète Pierre Morency (Chanson tendre). (Jean-Nicolas De Surmont)
Productions Roberto Medile inc/Kebec Disc (dis. Select) KDC 8864. En France et Europe Librairie du Québec (Paris).

8.62 CAP
CAPITAINE REVOLTE : danse sociale : mieux vaut être seul que mal accompagné.
En frais de rock pesant, Eric Lapointe est bien connue des Québécois. Moins connu, mais tout aussi pensant, voici ce groupe dont la voix du chanteur rappelle justement celle de Lapointe. Alternant entre les déchaînements dignes des Scorpions, la musique de Capitaine Révolte vous rappellera sûrement celle des autres, avec des airs de reggae, de musique psychédélique mêlant à cela un discours mobilisateur qui témoigne d’une certaine conscience politique : « Que chacun prenne sa place sur le grand échiquier/Les blancs commencent à jouer, rien n’a vraiment changé/Ils se croient supérieurs et ils en sont très fiers/Même dans le dictionnaire le noir c’est l’absence de lumière » chante Frédéric. Ceux qui ont aimé Jean Leloup aimeront aussi Capitane Révolte. Si la qualité des rythmes du groupe n’est pas contestable, ce qui fait leur force c’est leur textes toujours percutants adjoints à un rock bien maîtrisé. Les argumentateurs fait allusion aux manipulateurs sophistes, Sécurité raconte d’une manière très poétique les paradoxes de la sécurité, etc... Bref, un petit rafraîchissement dans la jungle des groupes québécois. (Jean-Nicolas De Surmont)INDICA (dis. Outside Music (Canada) Librairie du Québec (Europe) indcd041

8.5 SAI
SAINTE MARIE, Chloé : Je marche à toi.
Comédienne et interprète Chloé Sainte Marie a fait peu parler d’elle ces dernières années même si elle revient ponctuellement avec un album. Il s’agit en l’occurrence d’un disque dans lequel elle interprète deux chanson en inuktitut, langue des inuit de l’Arctique oriental, l’une du célèbre Philippe Mckenzie et l’autre de Maakie Putulik. La pièce de cette dernière commence par le traditionnel jeux de gorge inuit. Le disque de Chloé Sainte-Marie contient aussi un poème de Bruno Roy, qui a signé la présentation d’un précédent disque de l’interprète et de Patrice Desbiens. Rarement trouve t-on sur un même disque des chansons autochtones et en langue française en plus d’une chanson qui ouvre le disque, Mishapan Nitassinan, en nommant la toponymie autochtone ou d’origine autochtone du Québec : Coaticook, Mégantic, etc... Si les chansons québécoises contenant des toponymes de langue française sont nombreuses, celles avec des toponymes autochtones sont plutôt rares. La voix de Sainte-Marie est douce comme sa musique comme si elle chantait une suite de berceuses mélodieuses. (Jean-Nicolas De Surmont)
Octant Musique (dis. Sélect (Québec) en France Librairie du Québec) OCCD9168

[Lucas]

8.LOU 4 Chanson à texte
LOUKI, Pierre : Salut la compagnie.
Des textes bien écrits sur des mélodies bien orchestrées. Un soupçon d'intime sans sombrer dans le pathétique d'une vie. Un engagement sous-jacent sans jamais être pamphlétaire... Pierre Louki poursuit son travail de baladin chez Saravah. Vingt cinq titres sympathiques. Un album tout en finesse ! (Lucas Falchero)
Saravah (dis. Night & Day) SHL 2117

[Lucas]

8.BEA 5
BEAUVERGER, Frédérique.
Autoproduit. Auteur compositeur interprète, Frédérique Beauverger prend le risque d'un premier album de textes léchés sur des compositions un peu fades. Un peu simples... On reste donc sur sa faim. On mesure un décalage. Et c'est bien dommage car les arrangements sont soignés... A suivre. (Lucas Falchero)
Contact : 06 64 04 27 44

[Lucas]

8.CAR 5
CARUEL, Naïk : Tempête et cris d'amour.
Autoproduit. Quatorze titres intimistes, simples et qui pourraient toucher si ce n'était une forme de naïveté qu'on accepterait sur d'autres propos. Bref, une poétique à la limite du scolaire. Dommage. (Lucas Falchero)
Contact : 04 73 90 08 93 ou [email protected] (40, avenue Charras 63000 Clermont-Ferrand)

[Marc Poteaux]

8.5 SHE Chanson française de qualité
SHELLER, William : Epures
William Sheller fait partie des quelques artistes français ayant presque toujours eu mes faveurs. Son spleen et sa voix douce-amère, ses textes tendres et mélancoliques, ses arrangements grandioses ou intimistes, ses mélodies belles comme un jour de pluie, tout me séduit et capture mon oreille. Et si ma passion pour le rock reste intacte, un nouvel album du maître est souvent synonyme pour moi d'un moment magique, d'un moment d'intimité avec mon moi profond, celui qui se planque derrière la carapace que la vie m'a fait porter. Et ici, d'autant plus qu'il s'agit d'un album au piano seul (décidément c'est à la mode !). Mais si " Sheller en solitaire " revisitait ses titres les plus marquants, ici point de reprises mis à part " Les Machines absurdes ", tout est création. Pour ceux qui, comme moi, auraient été moyennement satisfaits des " Machines absurdes " du monsieur, ce nouvel album est un vrai régal, où l'on retrouve le Sheller qu'on a toujours aimé donnant le meilleur de lui-même. (Marc Poteaux)
Mercury (dis.Universal) 982 338