Chroniques de décembre 2007

[Marc Poteaux]

2.51 KOR Folk metal
KORPIKLAANI : Tervaskanto
Mais ils sont increvables ces finlandais ! Bon d'accord, le humppa-metal de Korpiklaani n'est pas ce qu'il y a de plus expérimental ou inventif, un titre en rappelant souvent un autre, mais tout de même, quatre albums en cinq ans, c'est une performance qu'il convient de saluer ! D'autant plus que, comme ses prédecesseurs, « Tervaskanto » est un album d'une grande qualité ; heavy, dansant, entraînant, mélodique, bénéficiant d'un son clair et ample, d'une instrumentation parfaite. Pas de différence avec les autres disques du combo alors ? Non, pas vraiment. Toujous ce subtil mélange de thèmes traditionnels et personnels, ce chant rugueux, ces rythmiques d'une précision incroyable qui contrebalancent l'apparente folie du violon et de l'accordéon...Aucune faute de goût ne peut freiner Korpiklaani, alors pourquoi vouloir encore leur résister ? (Marc Poteaux)
Napalm (dis. Season Of Mist) NPR212

[Marc Poteaux]

2.53 SOI Thrashcore death mélodique
SOILWORK : Sworn To A Great Divide
Qualifié de "groupe préféré de ton petit frère" et autres gentillesses du même accabit à la sortie du précédent "Stabbing The Drama", Soilwork a pris la mouche et décidé de durcir le ton sur ce septième album. Plus brutal, plus thrash, mais toujours aussi mélodique au niveau de ses refrains, le groupe marie ici la première période de ses dix ans d'existence à la deuxième, essayant d'allier sa fougue d'antan avec son côté super accrocheur. Et ils y arrivent bien, les bougres ! Bon, de là à clamer que le groupe a réinventé un genre ou révolutionné son propre son, il y a de la marge, mais il faut reconnaître aux suédois le talent d'arriver à se renouveler sans se répéter ni fatiguer son auditoire. Ce qui est déjà énorme pour une formation aussi expérimentée. Encore un bon crû pour Soilwork. (Marc Poteaux)
Nuclear Blast (dis. Pias) NB1879-0

[Marc Poteaux]

2.531 ALC Thrashcore progressif
ALCHEMIST : Tripsis
J'ai connu les australiens d'Alchemist grâce à monsieur Relapse records qui en 2003 m'a gentiment envoyé leur cinquième album, "Austral Alien". Un disque qui à l'époque m'avait fait forte impression, et où j'avais pu découvrir une formation expérimentée, sûre d'elle, aventureuse et à la personnalité hors du commun. Quatre ans plus tard, ce sixième album les sortira-t-il de l'injuste anonymat dans lequel ils essaient de surnager ? "Tripsis", bien que plus metal, moins progressif que son prédecesseur, reste quand même une très bonne raison de dépenser un peu d'argent de façon raisonnée. Sorte de mélange entre Nine et Psychotic Waltz, avec sa voix thrashcore, ses structures progressives et son metal jamais à côté de la plaque, Alchemist a les arguments pour convaincre les amateurs de metal novateur, qui rêvent à un Neurosis un peu plus énervé, à un groupe de techno-thrash des temps modernes. Certes, les titres ont un peu trop tendance à se ressembler ici, mais au final si "Tripsis" est un disque uni et compact, on ne peut lui en tenir rigueur tant la forme participe de la volonté du groupe de créer un univers personnel et profond. (Marc Poteaux)
Relapse (dis. Pias) RR6730-2

[Marc Poteaux]

2.53 AMO Folk metal
AMORPHIS : Silent Waters
Amorphis fait partie de ces seconds couteaux du metal qui pourtant connaissent depuis leur première oeuvre une évolution constante, et dans le bon sens du terme. Parti d'un death mélodique aux influences folk, le groupe a cédé peu à peu aux sirènes d'un folk metal plus « conventionnel », voir même plus planant. Ce 9eme album aux allures de bilan reprend certains éléments passés pour les mettre au service d'une musique qui se veut la plus riche possible. Imaginez Pink Floyd, Paradise Lost et Skyclad réunis, et vous aurez un aperçu de la chose. Et ne vous fiez surtout pas à « Weaving The Incantation », le premier titre assez agressif, pas du tout représentatif de l'album. Un bon cru pour les finlandais, dont les efforts, s'ils ne s'avèrent pas toujours payants commercialement parlant, le sont au moins artistiquement. (Marc Poteaux)
Nuclear Blast (dis. Pias) NB1881-2

[Marc Poteaux]

2.532 ANA Black death indus
ANAAL NATHRAKH : Hell Is Empty And All The Devils Are Here
Amis poètes, passez votre chemin, car ici, on ne fait pas dans la délicatesse et les vers bien tournés, plutôt dans le reportage de guerre, direct, crade et sans états d'âme. Sixième album pour les anglais d'Anaal Nathrakh, et très bonne surprise, le groupe a décidé d'opérer un léger retour aux sources, en mélangeant le côté efficace et carré de sa dernière période à la folie des débuts, qui commençait furieusement à lui faire défaut, et à décevoir ses fans. Plus concis, les titres de ce nouveau massacre respectent certes un schéma assez classique pour le duo (baston non-stop, cris, grunts et autres hurlements à tout va, et refrains en chant clair), mais sont bien plus convainquants que par le passé. Manque encore le côté malsain des premières oeuvres du combo, effacé par le choix de privilégier le côté dévastateur et massif des compositions, qui doit prendre tout son sens sur scène, nouveau terrain de jeu des affreux. Mais je fais la fine bouche ; "Hell Is Empty..." est un disque de metal extrême bien meilleur que tout ce que vous pourrez trouver en ce moment, et un compromis idéal entre Setherial, Aborym et Behemoth. (Marc Poteaux)
Feto (dis. La Baleine) FET009

[Marc Poteaux]

2.23 BET Pop rock
BETTENS, Sarah : Shine
Deuxième album solo pour Sarah Bettens, ex-chanteuse de K's Choice. On est ici bien loin du style développé par les belges en leur temps. Plus lisse, moins mélancolique, plus classique, "Shine" n'est pas ce qu'on était en droit d'attendre de la chanteuse. Pas mauvais non plus, le disque est juste décevant, les titres ayant troqué leur personnalité contre un côté méchamment "mainstream", rendant l'album fade et passe-partout. Et même si la voix, elle, n'a pas changé, c'est bien le seul élément qui conserve un quelconque intérêt à ce "Shine" bien palôt. (Marc Poteaux)
Naïve (dis. Naïve) NV813711

[Marc Poteaux]

2.32 COC Folk rock
COCOON : My Friends All Died In A Plane Crash
Cocoon, ou comment passer du statut de petit groupe à l'aura fort modeste à celui de grand espoir français grâce à une revue réinventant le radio-crochet à l'échelon national. Bon, je ne m'étandrais pas sur le sujet, et promis, je ne critiquerais pas la "bible" des bobos. Et oui, après avoir écouté ce premier album des Clermontois, je félicite la revue de son choix éclairé. Neo-folk, folk rock, pop folk, appelez ça comme vous voudrez, Cocoon compose des chansons mélancoliques, belles et fragiles, qui me font d'ailleurs penser parfois à un Elliott Smith ou à l'écurie Fargo, et Ben Harper pour la voix de monsieur. Le duo conjugue voix et savoir-faire pour nous proposer des titres simples et charmants (à part peut-être "Paper Boat", un peu longuet), et on a tôt fait de décréter que "My Friends All Died In A Plane Crash" est l'un des plus beaux disques sortis depuis bien longtemps. (Marc Poteaux)
Sober And Gentle (dis. Discograph) SOBCD005

[Marc Poteaux]

2.531 DOW Stoner power metal
DOWN : Over The Under
A l'heure où le nom de Pantera est de plus en plus cité par de jeunes loups (et de moins jeunes) aux dents longues comme influence majeure, et quelques mois après le tragique décès de son ex-camarade Dimebag Darrell, Phil Anselmo sort de sa caverne pour nous proposer une musique plus accessible que tout ce qui est sorti sous son nom depuis bien longtemps. Down, projet réunissant ledit vocaliste, deux membres de Crowbar et un ex-Corrosion Of Conformity, soit la fine fleur du metal velu de ce qui reste de la Nouvelle Orléans. Le groupe reprend là où "Nola" et "II" s'étaient arrêtés, soit sur les rivages d'un power heavy stoner de grande classe, avec tout ce qu'il faut de groove et ce chant reconnaissable entre mille qui fera adhérer immédiatement ceux qui ont vécu l'ascension de Pantera. "Over The Under" est comme ces prédecesseurs un album hybride, entre différents genres et époques, alliant les qualités de chacun(e), tout en conservant une personnalité et un son à nul autre pareil. Pas de single, pas de mode, juste du bon son gras et heavy ici. Avis aux amateurs ! (Marc Poteaux)
Roadruner (dis. Warner) RR7956-5

[Marc Poteaux]

2.64 EMA Heavycore metal
EMANUEL : Black Earth Tiger
On m'a présenté Emanuel comme un ersatz des Deftones. On avait tort. Car si, effectivement, certains titres de ces jeunes gens du Kentucky sonnent comme nos p'tits gros préférés, Emanuel est loin de se résumer à ça. "Influencé par", oui, "copie de", non. Il y a de l'émo ici (et pas qu'un peu), et de la powerpop (pour l'efficacité des mélodies et le côté accrocheur de certains titres). Le tout mélangé donne "Black Earth Tiger", un bien bel album produit par môssieur Terry Date, producteur des...Deftones (ah, c'est donc ça...), plein de vraies mélodies, de rage adolescente et de bonne volonté. C'est sauvage mais pas trop, mélodique mais pas gentillet, suffisamment frais tout en s'appuyant sur des bases solides car rendues classiques par les plus anciens. Emanuel a failli passer l'arme à gauche et ne jamais nous proposer ce deuxième album, ce qui aurait été fort dommage au vu du résultat très probant. Faisons en sorte qu'il nous en propose d'autres de cet accabit à l'avenir, et plébiscitons ce "Black Earth Tiger" ! (Marc Poteaux)
Vagrant (dis. Pias) VRUK056CD

[Marc Poteaux]

2.533 ENG Neo goteborg metal
ENGEL : Absolute Design
Engel, c'est le nouveau supergroupe scandinave : on y trouve des ex de Evergrey, Runemagick, Lord Belial, The Crown et In Flames. Et sans trop de surprises, on retrouve des éléments de la plupart des formations citées dans le son de ce premier album, même si c'est du côté des derniers qu'il faudra plus particulièrement chercher, guitariste-compositeur oblige. "Absolute Design" c'est un peu le neo metal du nord ; des riffs typés death mélodique, un son plus grave, des chorus de guitares, une voix heavy metal "classique" (parfois trop mièvre, le gros point faible du disque), une autre hurlée...Et ça fonctionne assez bien, pour peu qu'on ne soit pas trop exigeant niveau originalité. Car assurément, Engel a un certain don pour l'alchimie. Le combo sait mélanger metal velu et refrains entraînants, grosses rythmiques et gimmicks accrocheurs. Oh, on est pas non plus chez Tokio Hotel, mais je dois dire qu'on se pose parfois la question de savoir à quel point le groupe et sincère, ou s'il prend juste le train en marche. Mais bon, il sera toujours temps de se prononcer au prochain disque. Reste un premier album assez agréable d'un metal accessible, hybride entre deux micro-scènes qu'on pensait antagonistes. (Marc Poteaux)
SPV (dis. Wagram) SPV98362CD

[Marc Poteaux]

2.63 HUN Emo rock
HUNDRED REASONS : Quick The Word, Sharp The Action
Vous pensiez que l'emo rock était la prérogative d'une certaine jeunesse américaine, qui dépense en un mois plus d'argent pour se coiffer, se maquiller et se fringuer que vous ne le faites en un an ? Vous aviez tort. Avec ce quatrième album, les anglais de Hundred Reasons remettent les pendules à l'heure. Subtil mélange de rock, emo et punk mélodique, la musique des cinq a toutes les cartes en main pour séduire les amateurs de rock moderne et efficace, même si un détour clairement orienté metal n'est pas à exclure ici et là ("The Shredded"). Sans artifice, apparat ou mise en scène particulière, le groupe parvient à captiver l'audience aussi bien que ses camarades ricains, et ne demande qu'à connaître le même succès. A vous donc de faire l'effort de passer outre la pochette hideuse pour découvrir ce bel album. (Marc Poteaux)
V2 (dis. Warner) VVR1041792

[Marc Poteaux]

2.72 SHE Rock indépendant niououévisant
SHE WANTS REVENGE : This Is Forever
Interpol avait ouvert la brèche. Le revival eighties, d'accord, mais avec des accents gothiques, c'est encore mieux non ? Quelques mois plus tard, un duo electro-rock curieusement baptisé She Wants Revenge poussait le bouchon un peu plus loin et tapait carrément dans l'électro cold wave (dark wave ?), emportant les suffrages grâce à des titres imparables de la trempe de "Monologue", "These Things" ou "Red Flags And Long Nights". Or le premier titre de ce deuxième album va encore au-delà. En effet, "First, Love", le premier titre totalement instrumental, sonne à 100% comme du...Das Ich ! Le groupe aurait-il pour de bon choisi le côté obscur ? Mais dès la seconde plage, on revient en terrain connu. Et un peu trop même..."This Is Forever" est un album plus homogène que son prédecesseur, trop lisse pour convaincre vraiment. Aucun titre ne sort du lot, et même si ce deuxième essai est globalement réussi, c'est la déception qui l'emporte. Les corbeaux, c'est plus ce que c'était ! (Marc Poteaux)
Flawless (dis. Geffen) 17481039

[Marc Poteaux]

2.54 SKI Ragga metal
SKINDRED : Roots Rock Riot
Deuxième acte pour les ex-Dub War, qui avaient créé la surprise avec "Babylon", un album très réussi qui mêlait avec savoir-faire raggamuffin et neo metal, reprenant la logique des Bad Brains et la poussant un peu plus loin. Un album que j'avais adoré, moi qui ne peut supporter de subir du raggamuffin plus de 3 minutes 30, et qui n'accrochait pas plus que ça à Dub War en son temps. Autant dire que les cinq ans qui séparent les deux albums du groupe ont été une éternité pour moi, et que j'attendais beaucoup de ce "Roots Rock Riot". Et peut-être trop ? Car si Benji et les siens ont pris leur temps à bon escient, pour composer un album solide, groovy, moderne, aux titres diversifiés et percutants, ce deuxième album ne peut être considéré que comme...la suite du premier. Comprenez que si évolution il y a, celle-ci est présente à petite dose ; plus de voix claires, des titres plus rock, un groove légèrement plus prononcé, mais rien qui ne puisse désarçonner le fan. Soit, que Skindred prenne son temps, tant qu'il continue à nous proposer des albums comme celui-ci qui, s'il ne fait pas beaucoup avancer le schmilblick du groupe, reste un très très bon disque dans un genre inédit et ultra-personnel. (Marc Poteaux)
Bieler bros (Import) 0700202

[Marc Poteaux]

2.64 AS Hardcore metal
AS I LAY DYING : An Ocean Between Us
As I Lay Dying était jusqu'ici un peu noyé dans la masse des bons groupes metalcore, Et ce "An Ocean Between Us", quatrième album du groupe, arrive à point nommé pour changer la donne. Metalcore ? Oui, même si le groupe prétend que "thrash" lui va mieux, personne n'est dupe, et on ne comprend pas trop l'intérêt du groupe de s'en cacher. Car oui, trois fois oui, les américains proposent ici un album qui fera date dans le genre. Pas original, mais d'une puissance et d'une efficacité quasi-inédite. Tout y est parfait, des rythmiques ultra-carrées aux passages mélodiques jamais larmoyants, et ça ne sonne jamais "fabriqué". Et on tremble d'avance à l'idée de la déflagration que l'on subira avec ces titres en concert. Que demander de plus ? (Marc Poteaux)
Metal Blade (dis. Nocturne) MBR-CD-4632

[Marc Poteaux]

2.63 BEA Punk rock
BEATSTEAKS : Limbo Messiah
L'allemagne est un pays largement sous-estimé au niveau musical. Qui pourrait imaginer que le pays abrite en ce moment même un des groupes punk rock les plus talentueux de la scène ? Car oui, trois fois oui, les Beatsteaks sont un groupe à suivre, car proposant un punk rock teinté d'émo, furieusement personnel et regorgeant de qualités. Le précédent album, « Smack Smash », leur a permis de se faire connaître plus largement, mais le chemin est encore long vers la gloire. La recette du groupe, c'est un punk rock à la voix éraillée, généralement le pied sur l'accélérateur, et l'esprit toujours ouvert. Le rock reste au centre de l'univers de « Limbo Messiah », mais sans que l'album ne soit jamais trop homogène. Le concept d'ennui est totalement étranger ici, les titres ont chacun ce petit « quelque chose » qui leur donne du charme et de l'accroche, leur atmosphère et leur couleur propre. Et ce nouvel album prouve une fois de plus que tout n'a pas été dit rayon punk. (Marc Poteaux)
Warner (Import) 4421012