Chroniques d'avril 2007

[Marc Poteaux]

2.73 AU Electro pop rock
AU REVOIR SIMONE : The Bird Of Music
Passons sur ce nom, il n'y a que les non-francophones pour en assumer des similaires. Côté musique, on nage ici dans un pop rock léger, avec des touches électro et folk, et porté par une douce voix féminine. "The Bird Of Music" est un album globalement languissant, carressant, mais qui sait aussi se faire plus rythmé, et inventer une espèce de new-wave ultra-soft et insouciante, et j'ai bien conscience que ça peut plaire. Mais pas à moi. Oulala non. C'est même infernal ce que ces onze chansons ont pu me paraître longues. Allez, à ne plus se revoir Simone. Mais plus jamais, hein, sans blague ! (Marc Poteaux)
Moshi Moshi (dis. V2)MOSHICD17

[Marc Poteaux]

2.6 BAY Emo rock
BAYSIDE : Walking Wounded (The)
D'ordinaire, lorsqu'on aime passionément quelque chose, on est tôt ou tard dégouté, déçu. Du sirop bu pur aux fraises à la moutarde en passant par les pulls jacquart, on se rend un jour compte que ce n'était pas aussi bien que ça, qu'au bout d'un moment ça donne la nausée. Et bien pour la musique, c'est pareil. Il n'y a pas si longtemps, je suis tombé amoureux de Bayside grâce à son deuxième album éponyme. Plus tard, c'est l'album acoustique qui m'a conforté dans mon attachement. Mais aujourd'hui, ma foi vacille. Car "The Walking Wounded" est une demi-déception. Certes, la qualité mélodique est toujours là, et les garçons ont un talent indéniable pour écrire des chansons efficaces et entraînantes. Mais quelques automatismes heavy metal et quelques riffs trop faciles viennent entâcher leur travail, et rendre ce troisième album studio un peu mièvre, moins émotionnellement percutant que ces prédécesseurs. Et c'est fort dommage, car j'aimerais tant pouvoir le porter aux nues cet album, l'emporter partout avec moi pendant des mois, le faire découvrir à mon entourage comme j'ai pu le faire avec les autres ! Sans rancune les gars, mais pas sans regrets...(Marc Poteaux)
Victory (Import) VR336-CD

[Marc Poteaux]

2.8 CAN Electro-clash
CANSEI DE SER SEXY : Eponyme
Fatigué d'être sexy ? En voilà, un beau thème de croisade contre les diktats de la mode, les critères de beauté étriqués de la société ! Mais si on peut aisément concevoir la chose d'un point de vue physique, le pendant musical se situerait plus pour moi du côté du metal. Rien à voir ici. CSS (pour les intimes) verse dans une espèce d'électro-clash groovy et dansant, aux paroles drôles et sans langue de bois. Et je dois avouer que les six jeunes brésiliens méritent le buzz qui les porte depuis quelques temps, car ce premier effort s'avère fort agréable, même si la redondance est au programme, et qu'on sent que son côté "instantané" peut être un handicap pour sa survie à long terme sur une playlist. (Marc Poteaux)
Sub Pop (dis.Pias) 70717

[Marc Poteaux]

2.8 KLA Rock indépendant
KLAXONS : Myths Of The Near Future
Klaxons, c'est la sensation de ce début d'année rayon rock dansant. Habillés comme pour le carnaval, les trois compères anglais proposent un joyeux bordel musical (et je ne parle pas des paroles...), à l'image des deux pochettes interchangeables de ce premier album. Alors, ballon de baudruche ou futur grand ? Beaucoup penchent pour la première solution. Votre serviteur, lui, est plus circonspect. Du moins, il le devrait. Mais la vérité, c'est qu'il se fout de ces considérations de critique/devin musical comme de sa première k7 audio. Qui sommes-nous pour juger de l'avenir d'un groupe, de la perennité d'une chanson dans l'inconscient collectif ? Le fait est que « Myths Of The Near Future » est un bon, très bon album, efficace en diable, original, et aux ambiances variées. Alors chers lecteurs, il n'y a plus qu'une chose à faire avec cet album ; en profiter égoïstement, sans penser au lendemain. (Marc Poteaux)
Because (dis.Wagram) 3121582

[Marc Poteaux]

2.53 MIN Post hardcore stoner thrash
MINSK : Ritual Fires Of Abandonment (The)
Si les noms de Mastodon et Neurosis ne vous sont pas inconnus, vous avez déjà fait un pas dans l'univers tribal, bestial et original (expérimental ?) de Minsk. Imaginez donc un compromis entre le côté thrash stoner du premier et le côté post hardcore et progressif du second, et vous toucherez au but. Sachant parfaitement souffler le chaud et le froid, le combo saura sans peine réconcilier et contenter les fans des deux parties. Certes, cette première oeuvre n'est pas exempte de longueurs, mais le talent de ses auteurs a tôt fait de faire pencher la balance en leur faveur. Entre stridences et caresses, charges massives et retenues pudiques (?), les six titres de cet album, oscillant entre quatre et seize minutes (rien d'inhabituel pour le genre donc) sont autant de bonnes raisons de plébisciter Minsk. (Marc Poteaux)
Relapse (dis. Season Of Mist) RR6708-2

[Marc Poteaux]

2.23 AAR Pop rock mélancolique
AARON : Artificial Animals Riding On Neverland
Nouveau phénomène parisien, Aaron se positionne musicalement dans le sillon de la très bonne pop belge à tendance mélancolique. Un peu réducteur mes propos ? Moui, peut-être. Car si la voix sur le refrai du poignant single "Lily" rappelle clairement Sharko, si l'ambiance générale, la qualité émotionnelle des titres est inhabituelle de ce côté-ci des Flandres, le reste, mêmes'il présente parfois des similitudes avec un groupe comme feu Venus, s'en éloigne. Car la pop d'Aaron est basée sur le piano, omniprésent, des touches électroniques flirtant avec le trip-hop, et se développe en treize titres très réussis. Et pourtant, cet album n'est pas exempt de défauts. Mais passés les quelques maladresses dans les structures, le plus grave est l'aspect trop homogène, répétitif même, du disque, autant dans le chant que les mélodies ou l'orchestration, et qui fait que l'écoute de l'album a un côté vraiment rébarbatif. Dommage, car objectivement et pris un par un, tous les titres sont bons. Une plus grande diversité sera donc bienvenue dans le futur, si le groupe ne veut pas être condamné à sortir des ep ! (Marc Poteaux)
Discograph (dis.Discograph) 6131752

[Marc Poteaux]

2.23 BLO Pop rock mélancolique
BLONDE REDHEAD : 23
Trois ans après le magnifique "Misery Is A Butterfly", les new-yorkais de Blonde redhead continuent sur leur lancée avec un album tout aussi mélodique et mélancolique, mais qui cette fois présente des titres un peu plus pêchus rythmiquement parlant, et majoritairement chantés par Kazu (sept sur dix). Incontestablement moins intimiste que son prédécesseur, plus ouvert aux oreilles non inintiées, "23" a le profil de l'album réconciliateur avec un public plus large, tout en évitant soigneusement des compromis trop importants. Pourtant malgré cette évolution naturelle et des titres plus "légers", on sent qu'il n'en sera rien. Non pas que le trio ne le mérite pas. C'est un de ces sentiments fabriqués, mêlant égoïsme, mauvaise foi et autopersuasion. Et de la peur que le talent de la formation étalé au grand jour ne dénature son art. (Marc Poteaux)
4AD (dis.Naïve) 3727172

[Marc Poteaux]

2.53 DEM Death metal
DEMIURG : Breath Of The Demiurg
L'impact de Dan Swano sur la production metal scandinave est énorme, c'est un fait. Mais non content d'être un grand producteur, celui-ci excelle également dans la composition, autant en solo qu'en groupe ; Edge Of Sanity, Nightingale, le projet Moontower, Bloodbath...Tiens, restez sur le territoire de ces derniers, et vous aurez une idée assez précise de ce que Demiurg a a proposer. Un son énorme typiquement suédois, une voix grave et profonde, dix titres essentiellement mid-tempo, apports discrets de claviers...A ce point, un éclair de lucidité me fait emettre une remarque à la portée philosophique impressionante ; "mais c'est tout pareil que l'autre groupe !". Wow. L'homme face aux limites de sa créativité, la futilité de la poursuite de sa quête d'absolu, le doigt accusateur du créateur sur sa créature, pointant paradoxalement ses propres défauts ? Moui, enfin, tout ça pour dire que les fans de l'un se retrouveront dans l'autre, et qu'on ne voit pas bien l'intérêt de sortir cet album sous la bannière Demiurg. Bah, ça a au moins l'intérêt de montrer une fois de plus l'impact de Dan Swano sur la production metal scandinave. Et oui, tout est un éternel recommencement...(Marc Poteaux)
Mascot (dis. Socadisc) M72082

[Marc Poteaux]

2.53 DIM Black metal
DIMMU BORGIR : In Sorte Diaboli
Dimmu Borgir a clairement affiché avec ce disque sa volonté de revenir a un son plus brut, et plus proche de ses origines. Exit donc l'orchestre, qui pourtant avait fait de titres comme "Progenies Of The Great Apocalypse" des titres-cultes. Mais dès la galette posée sur la platine, la première chose que l'on entend, c'est une intro orchestrale, et un peu en déça de ce que le groupe est capable de nous proposer habituellement d'ailleurs. Alors, y aurait-il eu maldonne ? Les titres passent, et on ne voit pas bien les changements annoncés se profiler. Au contraire, une impression de ralentissement du tempo se fait sentir. Ce qui nous laisse au passage apprécier le travail de Hellhammer, batteur de session pour cet opus, qui amène plus de diversité dans les structures, et qui laisse de l'espace à la voix de Vortex, pour mon plus grand plaisir. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'être déçu par se disque, de me dire qu'avec "In Sorte Diaboli", les norvégiens sont descendus d'un cran, et ont perdu leur côté "grandiose" au profit de...rien du tout, puisque l'aspect plus basique qu'ils voulaient mettre en avant est quasi-inexistant, même si on retrouve sur certains titres de grosses influences "Enthrone Darkness Triumphant" (et les mêmes sons de clavier ! Ecoutez donc "The Invaluable Darkness" !). Une nouvelle ère qu'on espèrera donc la plus courte possible. (Marc Poteaux)
Nuclear Blast (dis. Pias) NB1862

[Marc Poteaux]

2.53 DOD Neo black metal industriel
DODHEIMSGARD : Supervillain Outcast
Ah, le neo black metal ! Hérésie pour les puristes, pêché mignon pour votre serviteur ! Dodheimsgard m'avait enchanté avec "666 International", album coup de poing violent et malsain qui faisait la part belle aux sonorités industrielles et à une certaine folie rythmique. Et puis plus rien. 8 ans sont passés, et les voilà qui débarquent avec ce "Supervillain Outcast" dissonant, malade, illogique et futuriste. Et ça fait du bien de constater que le groupe n'a rien perdu de sa créativité débridée, même s'il ne subsiste clairement plus grand chose du black originel, hormis l'esprit qui hante son art. On se rapprocherait plus ici du post hardcore, avec une voix orientée deathcore. Rien de très tubesque me direz-vous, et vous aurez raison. Dodheimsgard ne verse pas du tout dans la facilité et le sait, alors il nous aménage ici et là des repères sous formes de refrains plus accessibles. Mais c'est pour mieux nous perdre l'instant suivant. Trop nombreux sont les moments où le groupe surprend pour vous les citer tous, sachez seulement qu'une fois de plus, Dodheimsgard livre une oeuvre compacte, complète et unique, qui mérite largement d'être plébiscitée. (Marc Poteaux)
Moonfog (dis. The End) FOG037CD

[Marc Poteaux]

2.53 HEL Metalcore heavy thrash
HELL WITHIN : Shadows Of Vanity
Hell Within m'avait agréablement surpris avec son précédent album, qui, dans la grande tradition Lifeforce, alliait le meilleur du hardcore, du thrash, avec des éléments heavy, death, indus, et le tout en restant très mélodique et accrocheur. Mais depuis, d'autres sont passés par là, pas forcément plus novateurs, ni meilleurs, mais différents. Et donc, ce nouvel album a tendance a me fatiguer. Pas mauvais, mais trop "classique" dans un genre qui est devenu la marque de fabrique du label. Et c'est bien là où le bas blesse ; à trop proposer des groupes talentueux qui se ressemblent, on entretient certes la flamme des die-hard fans, mais on pousse les autres à chercher de nouvelles sensations sur d'autres terres, plus fertiles ! Les neuf titres passent, ça se laisse assez agréablement écouter (même si cette voix heavy me paraît parfois assez hors-sujet), mais c'est aussi vite oublié. (Marc Poteaux)
Lifeforce (dis. Pias) LFR 070-2

[Marc Poteaux]

2.53 MEM Noise post rock hardcore
MEMBRANE : A Story Of Blood And Violence
Power-trio français, Membrane puise son inspiration dans l'art de Neurosis ou Breach, et ça s'entend. Les huit titres de ce premier album (sept originaux et une reprise d'Unsane, "Sick") naviguent entre rock hardcore et post hardcore, emmenés par une voix qui rappelle souvent celle de Gus Chambers de Grip Inc, ce qui n'est pas pour me déplaire. D'autant plus que le son puissant et chaud de la galette pourrait presque faire illusion. Et c'est curieusement assez accrocheur, malgré le côté noisy de la chose. Que dire de plus ? Membrane a semble-t-il déjà tout compris, et nous entraîne sans mal sur les chemins tortueux de son metal noir et oppressant, sans jamais perdre de vue la musicalité et l'immédiateté de ses titres. Bravo. (Marc Poteaux)
Basement Apes (dis. Season Of Mist) APES015

[Marc Poteaux]

2.64 M-S Hardcore punk
M-SIXTEEN : Sans titre
Premier effort pour ce groupe parisien. Nos quatre fantastiques pratiquent un hardcore punk aux titres classiques et efficaces, pied au plancher et voix mixtes. Comme beaucoup, oui. Mais M-Sixteen sait composer des titres à la fois abrasifs et accrocheurs, s'aménager des espaces pour faire respirer sa musique, exploiter d'autres influences et les adapter à son genre musical. Ce premier album présente donc des passages assez hors-normes, autant que de titres dans la tradition punk. Le challenge consistera dans le futur à faire se rencontrer ces deux aspects du groupe plutôt que de les juxtaposer. Mais M-Sixteen est encore une jeune formation, et on leur fait confiance pour évoluer dans le bon sens. En attendant, il nous reste un premier album efficace bien qu'inégal. (Marc Poteaux)
STS Network (dis. Overcome) STS519

[Marc Poteaux]

2.65 VEN Noise rock nouveau
VENTURA : Pa Capona
Originaire de Lausanne et camarades de jeu de Cortez déjà chroniqué dans ces pages, le trio Ventura se démarque de ses voisins par l'expérience de ses membres, transfuges de Shovel, Illford ou Iscariote. Assez inclassable, la musique du groupe fait se croiser rock, noise, emo, légères influences hardcore et pop lo-fi. Ce qui en ressort, c'est un premier album un peu destabilisant, très personnel en tout cas, ni vraiment original ni dans la norme, qui rappelle plein de choses et personne à la fois. Un disque qui demande plusieurs écoutes attentives pour être assimilé et apprivoisé, qui recèle des trésors et des approximations, bref, de la vie à l'état brut. Et qui se termine par une ghost-track acoustique assez dispensable. Vous l'aurez compris, je ne suis ni rebuté ni convaincu par ce disque, juste désappointé. Je botte donc en touche, et vous laisse le soin de découvrir Ventura par vos propres moyens. Faute avouée à moitié pardonnée ? (Marc Poteaux)
Get A Life (dis. La Baleine) GAL003

[Marc Poteaux]

2.53 WAT Black dark metal
WATAIN : Sworn To The Dark
Dark Funeral endormi, Setherial en perte de vitesse, rien ou presque ne paraît en mesure de stopper Watain et son "Sworn To The Dark", implaccable machine de guerre. Troisième opus maléfique pour ce trio suédois totalement dévoué au malin et à ses sbires. Pas d'effets de manche, pas d'attitude plus "evil" qu'ailleurs, pas de chewing-gum au souffre sous l'emballage, juste onze très bons titres d'un black/dark classique et percutant, entre les suscités Setherial et les déjà regrettés Dissection (l'un des musiciens de Watain a d'ailleurs été musicien de scène pour ces derniers...). Un ensemble homogène qui ne verse jamais dans la facilité ni dans la vulgarisation démonique. Watain a de solides bases, autant musicales qu'occultes, et ce troisième opus a toutes les qualités pour remporter tous les suffrages des fans de metal extrême. (Marc Poteaux)
Season Of Mist (dis. Season Of Mist) SOM148