Chroniques de Septembre 2010

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Modérateur : Lopez Noël

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Marc Poteaux
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Chroniques de Septembre 2010

Message par Marc Poteaux »

8.614 BEN Chanson soul
BEN L'ONCLE SOUL : Eponyme
Reprendre "Seven Nation Army", c'est à la portée de tout le monde, on est d'accord. Et si le tourrangeau Ben s'est montré plutôt très doué à cet exercice, ce n'est pas suffisant pour aborder ce renouveau soul français d'une oreille confiante. Car pour un coup d'éclat, combien de déceptions ? Heureusement, le groove et l'énergie développés sur cette carte de visite se retrouvent tout au long de ce premier album éponyme. En anglais ou en français, les titres sonnent comme de bons vieux titres de Lamont & Dozier. Et si l'ensemble reste un poil trop répétitif, la prise à dose homéopathique reste très agréable. Nul doute que ce défaut de jeunesse sera réparé à l'occasion d'un deuxième essai qu'on attend de pied ferme ! (Marc Poteaux)
Motown (dis. Universal) 532 745-7
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Marc Poteaux
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8.615 CAS Rap français
CASEY : Libérez la bête
L'artwork de ce nouvel et deuxième album de Casey, fine plume du hip-hop dont les fréquentations parlent pour elle (La Rumeur, Serge Teyssot-Gay), est peuplé de saleté, de noirceur, de chaînes et de cassures, tout comme son verbe et sa musique. Pas d'échappatoire : la demoiselle est plus virulente et plus noire que l'ensemble de ses collègues masculins, et tape là où ça fait du bien. Hardcore, certainement, mais pas de la manière dont on l'entend habituellement. Ici chaque mot est pesé, chaque rime calculée ; jamais les mots ne trahissent l'idée, et jamais l'idée n'est trahie par un manque de vocabulaire, l'incompréhension d'une règle de grammaire, une approximation involontaire. Le message ne peut être partagé s'il n'est pas compris par tous. Casey ne fait pas dans le rap de banlieusard ; si elle affirme pratiquer du rap de "fils d'immigré", c'est dans un français parfait ou rien. La méthode, l'exigence, c'est ce qui la démarque de l'engeance. Le flow erratique, le mot élastique, c'est ce qui la rend unique. Un phrasé particulier habillé d'ambiances crépusculaires plus que guerrières ; car son timbre suffit largement à oblitérer toute velléité de résistance. Et la tendresse, bordel ? Elle est absente du tableau, pour sûr : douleur et rancœur ont pris sa place, à part peut-être sur "Rêves illimités" ou l'adulte aigri redevient enfant, le temps d'une page noircie... Le reste est sans concession ; Casey écrit avec son sang, le cœur sorti de la poitrine pour vérifier qu'il bat toujours. On pourra reprocher à ce nouveau pamphlet ses attaques systématiques et répétées envers le racisme ; un acharnement qui pourrait paraître au mieux lourd, au pire douteux (si le racisme quotidien est une tare, l'exhumation du passé colonial est un cliché un peu encombrant...). Mais ce n'est qu'un détail (de l'histoire de Casey, pas de l'histoire de France !), et ce deuxième album est tout de même une grande réussite. (Marc Poteaux)
Ladilafé (dis. L'autre Ditribution) LADILAFE 013
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8.615 ROC Rap français
ROCE : L'être humain et le réverbère
Troisième album pour Rocé, l'un des mc les plus lettrés et intéressant de la scène française. S'éloignant des sons free jazz qui peuplaient son précédent effort, Rocé choisit ici de donner des couleurs à la fois groovy et inhabituelles à son rap conscient, habillant ses titres sans les étouffer. « L'être humain et le réverbère » est un disque élitiste, sans équivoque (« Si peu comprennent »). Rien n'y est simple ou évident ; tout se mérite, et l'entrée est payante. D'un peu de soi, de réflexion, d'effort d'écoute, de traduction d'images mentales, de transposition à son propre quotidien. Rien qui ne soit inaccessible à tout un chacun, pour peu qu'il s'en donne la peine. De peine, il n'en est question qu'à demi-mot d'ailleurs ; ici, on préfère dénoncer ou en rire jaune. On fera l'impasse aussi sur les histoires banales d'amours perdues et autres clichés inhérents aux disques « qui marchent ». Qui marchent sur quoi d'ailleurs ? On est clairement pas sur le même trottoir ici, et Rocé ne cherche jamais à traverser la rue ; il ne cherche pas à attirer l'attention de l'objectif, préfère rester dans la pénombre, sortant pour haranguer à l 'occasion, observant et chroniquant le reste du temps. Et signe là un album intègre et intégral, panorama d'une époque malade sans aucun mot pour passer la pommade. (Marc Poteaux)
Big Cheese (dis. Discograph) 6148042
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8.615 SEX Rap français
SEXION D'ASSAUT : L'école des points vitaux
Un groupe de rap venu d'un lieu propice à l'éclosion d'une carrière dans le milieu, un album vendu comme étant une révolution, une nouvelle sensation en tout cas, et un titre qui sonne autant comme une leçon que le manifeste d'une union bien ordonnée en vue d'une guerre prochaine... Ça ne vous dit rien ? Alors, renseignements pris, il semble que les parisiens se soient plus inspirés de Ken le Survivant que d'IAM pour leur titre. N'empêche, le parallèle est vite fait. La Sexion existe depuis 2000, et progresse doucement mais sûrement, avec pour point culminant la sortie de ce premier long. Pas du genre bling bling, les gars choisissent de donner un éclairage old school à leur musique et à leurs textes. Ok, ça, c'est sur le papier. La vérité est beaucoup moins romancée. Sexion D'assaut a bossé ses textes et surtout sa musique, s'est attaché à employer des procédés rap modernes à l'américaine (alternance rap de couplet / chant de refrain, instrus teintés d'électro, incursion r&b et autres éléments exogènes...). Mais ça reste du rap de banlieue, avec tout ce que ça implique de textes étriqués et de raccourcis douteux. Nul doute que le collectif a la volonté de se détacher de ses tics (autant que de sa condition de simple groupe de rap, selon ses dires), mais à l'écoute de ce premier jet nonobstant assez bien ficelé, le chemin est encore long. Si quelques titres se détachent du lot de par la distance ou l'humour qu'ils injectent dans le quotidien morne et gris de leurs auteurs, d'autres sonnent comme un catalogue de poncifs. Alors non, cette « École des points vitaux » n'est ni une voie de garage ni une voie royale, juste la voie du milieu pour l'instant, entre le très beau et le franchement moche. (Marc Poteaux)
Wati B (dis. Sony) 7675812
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8.615 STR Rap dance chanson
STROMAE : Cheese
Certaines bouses commerciales sont encensées partout, peu importe leur caractère creux et insipide. D'autres succès commerciaux sont suivis d'un oubli immédiat, la faute à un univers particulier et incompris. Il y a fort à parier que ce sera le cas pour Stromae ; car si le caractère dansant et accrocheur est bien là, c'est plongé dans un bain de cynisme et de réalité crue qu'il se présente. « Alors on danse » était déjà le portrait au vitriol d'une jeunesse désabusée ; le reste de ce premier album est à l'avenant. Pas forcément étonnant puisque Paul Van Haver était auparavant membre d'un collectif hip hop belge, Suspicion, usant des mots comme d'un poison insidieux. Ainsi l'humour noir habille ses productions teintés d'eurodance nineties, de rap grand public et... de chanson. C'est bien là le piège dans lequel Stromae a plongé ; celui d'avoir le cul entre deux chaises, trop cynique pour la jeunesse teuffeuse, et trop teuffeur pour la jeunesse rebelle. Parler d'inceste, de violence conjugale, de crise ou d'amour cassé sur un beat dance, ça a quelque chose d'inconvenant et de déplacé même pour un esprit ouvert... Alors, visionnaire ou artiste maudit ? L'avenir nous le dira... (Marc Poteaux)
Vertigo / Mercury (dis. Universal) 532 712-4
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