Chroniques de mars 2006

Chroniques de livres en rapport avec la musique.

Modérateur : Lopez Noël

Répondre
alvere
Participant actif
Messages : 98
Inscription : mar. 08 mars 05 15:19

Chroniques de mars 2006

Message par alvere »

BOISSEAU, Jean-Thierry : Histoires de la musique.
Fils d'un facteur d'orgues, Jean-Thierry Boisseau fut dès l'enfance immergé dans le monde de la musique et des musiciens. Ses goûts s'affirment assez tôt, plutôt anticonformistes d'ailleurs. Il préfère Bartok et Prokofiev à Mozart et Haydn. "On m'offrit la "Symphonie des jouets", un disque 19 cm, pour ceux qui se souviennent ; je m'appliquais, car j'étais bon garçon, à faire semblant d'apprécier ce qu'au fond de moi-même mais sans, bien entendu, savoir le formuler, je considérais comme une injure à mon état d'enfant. Je trouvais (et je trouve encore) ce propos musical aussi infamant que celui qui consiste à appeler un chien un "toutou", un chat un "miaou" ou une poule une "cocotte". Rien de surprenant donc à ce que l'auteur entretienne un ton polémique, quand il parle notamment de son travail de compositeur : "J'aurais pu, sans aucune difficulté et en tout artifice, pisser de la musique dans les moules en question, sérielle, graphique, électronique, spectrale, mais j'aurais été à l'époque incapable de l'accompagner du verbiage connexe, ce qui eût enlevé à ma production cette incomparable et indispensable plus-value littéraire pour ne pas dire plus simplement rhétorique...".
Les chapitres concernant le Groupe des Six sont particulièrement intéressants, surtout ceux qui s'intéressent à Germaine Tailleferre, compositrice relativement délaissée au disque, que l'auteur nous invite, de manière plaisante et argumenté, à découvrir.
Un parcours agréable à travers le monde musical sous la forme de petits textes qui parviennent toujours à éveiller l'intérêt.
L'Harmattan, 2005. ISBN 2-7475-9521-8. 183 pp., 16 euros.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Gilbert Morisson
alvere
Participant actif
Messages : 98
Inscription : mar. 08 mars 05 15:19

Chronique de mars 2006

Message par alvere »

CHRISTOUT, Marie-Françoise : Le ballet de cour de Louis XIV 1643-1672. Mises en scène.
Cette thèse en Sorbonne avait été publiée en 1967. Il s’agissait alors d’un des signes avant-coureurs du regain d’intérêt pour l’art baroque. Cette édition a été largement revue et mise à jour. L’âge d’or du ballet de cour se situe entre deux dates-clef : 1643, mort de Louis XIII et début de la régence d’Anne d’Autriche. Elle contribue avec Mazarin au succès du genre. 1672 : Lully rachète à Perrin le privilège de l’Académie Royale de Musique et lance la mode d’un nouveau spectacle, la tragédie-ballet. Le ballet de cour, qui existait depuis deux siècles connaît pendant cette période son apogée et le début de son déclin. Un grand nombre de ballets seront en effet montés dans la période qui va de 1660, date du mariage de Louis XIV à 1672. La liste des créations est pléthorique, les fêtes se succèdent. Louis XIV fait venir, par exemple le fameux Vigarani à Fontainebleau pour monter un théâtre à machines près du lac. On y donnera le Ballet des Saisons. Les décors, les vêtements, les effets produits par les machines, la qualité de la musique et de la danse laissent aujourd’hui songeurs. Marie-Françoise Christout met l’accent sur tous ces points, mais elle tente parallèlement de resituer les choses dans leur contexte, met bien en évidence l’intérêt que représente pour la monarchie de se mettre aussi magnifiquement en scène. « Toujours onirique, issu de la fantaisie juvénile et baroque, le ballet de cour cède à la préciosité romanesque puis au faste mythologique en accord avec une société dont il reflète goûts et aspirations secrètes ». Dans le chapitre « Alchimie du ballet", elle décortique tous les composants du spectacle, du décor aux machineries, sans oublier la musique et la danse. La théorie et les théoriciens comme Michel de Pure font l’objet d’un autre chapitre. Les annexes donnent un tableau des distributions. Une bibliographie et un index chronologique des ballets, un index des noms et des danseurs cités terminent l’ouvrage. A noter une iconographie de choix et une présentation fidèles à l’esprit de cette riche collection.
Centre National des la Danse, Picard, 2005. Coll. « La vie musicale sous les rois Bourbons, n°34. ISBN 2-7084-0742-2. 292 pp., 38 euros.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Dernière modification par alvere le jeu. 09 mars 06 11:31, modifié 1 fois.
Gilbert Morisson
Jean Nicolas
Participant actif
Messages : 40
Inscription : mer. 16 févr. 05 11:57

Message par Jean Nicolas »

GEORGE SAND : La fée aux gros yeux
Les éditions montoises Autrement dit sont spécialisées dans la production de disques compacts de textes narratifs lus à haute voix. En l’occurrence il s’agit d’un conte merveilleux d’Aurore Dupin, mieux connue sous le pseudonyme de George Sand, berrichonne d’origine. Passionnée d’entomologie et ardente défenderesse de la rusticité, il est normal de trouver dans l’œuvre de cette romancière du XIXe siècle un conte faisant allusion à un récit de chauve-souris et d’insecte posant comme intrigue centrale la capacité de voir ou de non voir par Elsie gardée sa gouvernante Barbara, dotée d’une sensibilité et d’une vigilance singulière. La lecture du conte est faite par Alexa Parr avec une postface sous forme d’entretien avec Sylvie Parr, spécialiste de l’œuvre de George Sand. Le conte est accompagné d’un livre illustré par Odile Santi. Les couleurs froides sont valorisées étant donné que le récit se déroule essentiellement la nuit. La voix de la récitante rend certes bien les nuances intonatives du texte, mais en revanche le rythme de lecture semble parfois un peu rapide. En ce sens, la méthode d’accompagnement d’un livre pour enfants par une lecture à haute voix sur disque, fort ancienne, se prête certes à des précautions. Ici le type de dessin, la vitesse de lecture nous laisse croire qu’il pourrait s’agir d’un produit destiné à des enfants de 9-11 ans. Mais n’empêche que pour pleinement savourer le texte on gagnerait parfois à ralentir le débit de la lecture notamment en laissant quelques secondes au lecteur pour tourner les pages. Dans l’ensemble, si ce n’est que ce petit élément rythmique, le conte est lu professionnellement par une voix entraînée. Les éditions Autrement dit ont fort raison de faire connaître le patrimoine littéraire classique en perpétuant avec talent une tradition pédagogique qui a fait ses preuves. Jean Nicolas DE SURMONT
Mons, Editons Autrement dit, 2005 ISBN 2-87445-010-3



CATHERINE MASSIP : Michel-Richard Delalande,
Surnommé le Lully latin, compositeur de musique sacrée célèbre au XVIIIe siècle, Michel-Richard Delalande a fait l’objet de peu de monographies. En voici une qui mêle le commentaire musicologique à la description historique sous la forme d’un essai assez pointu et orné de photos. Intendant de la musique sous Louis XIV et maître de la musique de la chapelle, Delalande s’inscrit dans un contexte historique marqué par l’activité musicale à la Cour du Roy. Les personnages connues qui sont cités font aussi bien partie de la noblesse que des compositeurs comme Lully, Du Mont et François Couperin. Une bibliographie et une liste exhaustive des motets de Delalande complète cet ouvrage de grande qualité en contenu et de grande qualité éditoriale également. Jean Nicolas DE SURMONT
Genève, Editions Papillon, 2005.ISBN 2-940310-21-1.



HERVE BOURHIS et Rudy Spiessert :Chante avec moi,
Après Britney forever, le Stéréo Club 2 présente « Chante avec moi ».La bande dessinée est une sorte de caricature du rêve que nourrissent des milliers de chanteurs en mal de célébrité. « Tutoyant le firmament », Didier fait du zèle à la recherche d’un contrat de disque. Notre chanteur est vu comme un incompris mas n’a rien d’une victime habituelle. Dans la jungles des majors parisiens entre l’université de Jussieu et les terrasses de café Didier évolue difficilement, péniblement jusqu’au jour où un homme d’affaire patenté lui propose un contrat. Le rouquin signe alors son premier disque au titre très évocateur de « Tous des brothers ». Mais le single ne « décolle pas », on diffame contre son producteur aussi. Finalement Mazerati, son producteur s’avère être un escroc et, de toute cette famille personne n’est finalement payé et Didier redevient un mélomane comme tout les autres chanteurs… Jean Nicolas DE SURMONT
Paris, Dargaud, 2005.ISBN 9782205 056648.




REAL LAROCHELLE : Opérascope, le film-opéra en Amérique,
Le terme « opérascope » marque le lieu, l’objet et la stylistique de l’opéra dans les cinémas nord-américains. Réal Larochelle est sûrement l’un des premiers québécois à s’intéresser à ce phénomène et le fait de manière très érudite. Le cinéma musical nord-américain auquel il s’intéresse est surtout étatsunien en définitive étant donné le poids de la production au US. Mais c’est surtout l’influence de certains musiciens et compositeurs, cinéastes qui l’intéressent. Parmi les nombreux noms cités Kurt Weil, Pierre Boulez, Alain Renais, Norman Mc Laren parmi des centaines d’autres. La lecture de cet ouvrage demande déjà une connaissance du genre et du corpus et ne constitue difficilement une introduction au sujet étant donné que la perspective théorique est peu développée. Avec cet essai du président-fondateur de la Phonothèque québécoise, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma et sur Maria Callas, Tryptique sort de sa collection chanson pour élargir son champ d’intérêt à l’histoire d’un genre peu étudié en langue française. Jean Nicolas DE SURMONT
Montréal, Triptyque, 2003.ISBN 987890314856
Lopez Noël
Administrateur du site
Messages : 9062
Inscription : mer. 23 mars 05 16:39

Chroniques de mars 2006

Message par Lopez Noël »

DISTER, Alain : Oh, hippie days ! : récit. Réédition.
Juillet 1966, Alain Dister s’envole par charter à destination de New York. Il a 25 ans, il est pion et aime la photographie. Son voyage durera quatre ans pendant lesquels il va être l’un des rares européens témoin privilégié de "l'aventure hippie". Ce livre témoigne de cette époque à travers ces "carnets américains" parfois lyriques et peu complaisants, rédigés à chaud, dans le feu de l’action de New York à San Francisco via Los Angeles. Il y analyse les phénomènes qui causeront le déclin de l’aventure hippie : les drogues (de plus en plus dures) et le déclin des illusions communautaires. « Loin de toute nostalgie fumeuse ou idéalisée, ce livre rappelle avec force les réalités du mouvement des sixties. Reflet d’une génération qui se cherche, ce témoignage ne cache rien des essais et des erreurs, des rêves et des désenchantements ».
Editions J’ai Lu, 2006. ISBN 2-290-34722-1. 6,94 euros
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Noël Lopez
alvere
Participant actif
Messages : 98
Inscription : mar. 08 mars 05 15:19

Chronique de mars 2006

Message par alvere »

RISCHIN, Rebecca : Et Messiaen composa… 1941, Stalag Görlitz. Genèse du « Quatuor pour la fin du temps ».
Une des œuvres majeurs du vingtième a été composée et interprétée pour la première fois dans un camp. Il s’agit du Stalag Görlitz en Haute-Silésie, dans lequel Messiaen avait été envoyé en 1940 après sa capture par les Allemands. Il y rencontrera d’autres musiciens, notamment Etienne Pasquier (violoncelle), Henri Akoka (clarinette) et Jean Le Boulaire (violon). Le compositeur raconte ainsi l’ évènement de la création du Quatuor : "Cela se passait à Görlitz dans un froid atroce. Le Stalag était enseveli sous la neige. Nous étions trente mille prisonniers. Les quatre instrumentistes jouaient sur des instruments cassés… Nous jouâmes devant un auditoire de cinq mille personnes où se trouvaient mêlées les classes les plus diverses de la société, des paysans, des ouvriers, des intellectuels, des militaires de carrière, des médecins, des prêtres et j’en passe. Jamais je n’ai été écouté avec autant d’attention et de compréhension ».
L’auteur nous livre quelques témoignages de témoins directs (Etienne Pasquier entre autres) et de personnes plus ou moins proches des protagonistes. Une disographie du Quatuor termine le volume.
Ramsay, 2006. ISBN 2-84114-769-X. 249 pp., 20 euros.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Gilbert Morisson
alvere
Participant actif
Messages : 98
Inscription : mar. 08 mars 05 15:19

Chronique de mars 2006

Message par alvere »

PAROUTY, Michel : Mozart, aimé des dieux.
Année Mozart oblige, Gallimard réédite ce volume paru initialement en 1988. Dans la bibliographie pléthorique sur le sujet, ce livre occupe une place de choix par la qualité de son iconographie: il s’ouvre sur plusieurs pages de silhouettes découpées représentant des scènes d’opéras. Les portraits de Mozart sont nombreux, la plupart d’entre eux étant de pures élucubrations du XIX° siècle. En ce qui concerne le texte de Michel Parouty, l’essentiel est dit, même si ce dernier privilégie parfois une vision « image d’Epinal » de certains sujets. Mais cette collection s’adresse à un public large et l’ouvrage constitue une excellente approche du phénomène Mozart.
Découvertes Gallimard, 2006. ISBN 2-07-032759-0. 175 pp.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Gilbert Morisson
alvere
Participant actif
Messages : 98
Inscription : mar. 08 mars 05 15:19

Chronique de mars 2006

Message par alvere »

BERNARDEAU, Thierry ; PINEAU, Marcel : L’opéra.
Ce livre se divise en six parties : Histoire, Tradition et renouveau, Modèles et techniques, L’univers lyrique, Formes, Grandes œuvres. Chaque double page fait le point sur une notion (Venise capitale de l’opéra, Opéra et sentiment national etc…). Les notions élémentaires sont abordées, la fonction de l’ouvrage étant de guider le néophyte, qui pourra ainsi acquérir les connaissances de base avant de se diriger vers des livres plus spécialisés.
Nathan, coll. « Repères pratiques », 2005. ISBN 2-09-183274-X. 159 pp., 10,90 euros.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Gilbert Morisson
Lopez Noël
Administrateur du site
Messages : 9062
Inscription : mer. 23 mars 05 16:39

Chroniques de mars 2006

Message par Lopez Noël »

CLERGEAT, André ; ABOUCAYA, Jacques : Le jazz, 75 plans avec la collaboration de Philippe Bardet. (Mnemosis : mémoire de la musique ; collection fondée par Philippe Lescat, dirigée par Jean Saint-Arroman).
Après trois ouvrages d’excellente facture – La musique occidentale du chant grégorien à Béla Bartok (1996), l’Enseignement musical en France de 529 à 1972 (2001) et la Musique du 20ème siècle de Arnold Schoenberg à nos jours (2001) – la collection « Mnemosis » nous offre un volume dédié au jazz. Sur la forme, il est réalisé avec le sérieux et le savoir faire dont jouissent les éditions Fuzeau et, sur le fond, il est écrit par deux spécialistes du jazz : André Clergeat déjà auteur de deux dictionnaires sur le jazz (Seghers, 1966 ; Robert Laffont, 1988), des Incontournables du jazz (Filipacchi, 1933) et Sinéclopédie du jazz (Joël Losfeld, 1996) et Jacques Aboucaya qui a, quant à lui, écrit l’épopée Du be bop au Free jazz (Presses universitaires du Mirail, 2001). Le fruit de leur travail est en tout point remarquable d’érudition dans son propos et de clarté dans sa présentation. C’est ainsi qu’ils nous présentent le jazz par le biais d’un feu croisé de notices concernant les instruments (caractéristiques et principales figures), les grands jazzmen (éléments biographiques, points de mémoire, éléments stylistiques) et les écoles et les styles (définitions, évolutions, figures marquantes). Chacune des notices est suivie par une sélection discographique et bibliographique. L'ensemble des annexes (abréviations et sigles ; Bibliographie ; Glossaire ; Index) est d’une grande richesse et d’un grand intérêt pour surfer avec efficacité dans l’ouvrage et ainsi répondre à toutes questions ponctuelles.
« Cet ouvrage s'adresse à un public désireux d'avoir du jazz une vision aussi juste et complète que possible sans se perdre dans des détails d'érudition. Le propos de ses auteurs a donc été d'aller à l'essentiel - ce qui ne signifie en aucune façon simplifier ou schématiser, encore moins fausser une réalité artistique qui se prête à maintes interprétations, parfois les plus contestables. Leur souci de rigueur, de vérité historique, leur parti pris de s'en tenir aux faits sans cautionner les légendes colportées au fil des années les conduit parfois à battre en brèche des idées reçues. Tel qu'il se présente, ce manuel se veut avant tout pratique et d'un maniement aisé, facilité par la diversité des approches et des éclairages. Il devrait répondre aux attentes de ceux qui abordent le jazz en leur fournissant les jalons et les repères indispensables à la connaissance de cette musique ».
Editions Fuzeau, 2005. ISBN 2841691500. 26 euros
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Noël Lopez
alvere
Participant actif
Messages : 98
Inscription : mar. 08 mars 05 15:19

Chronique de mars 2006

Message par alvere »

CHARVIN, Blandine : Clara Schumann (1819-1896). Voyages en France.
Blandine Charvin consacre ses recherches à la place des femmes musiciennes dans la société. Elle s’intéresse ici à Clara Schumann pour elle-même, compositrice, interprète et mère de famille « une figure majeure de la société musicale de son temps », accessoirement à l’épouse de Robert Schumann. Clara Schumann fut en effet une pianiste virtuose, un « second Liszt » que ses tournées de concerts triomphales amenèrent à voyager en Europe. Mère d’une famille nombreuse, compositrice, Clara Schumann reste une exception dans son siècle. Ce livre documenté aborde tous ces aspects de sa vie.
L’Harmattan, 2005. ISBN 2-7475-9571-4. 236 pp., 20,50 euros.
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Gilbert Morisson
Répondre